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Paongo, la Cour du Naaba (Alif) : à la découverte d’un espace incontournable pour les artistes


Depuis son apparition sur la scène musicale, Alif Naaba ne cesse de jouer sa partition en faveur du rayonnement de la culture. Cet artiste dont le nom à l’état civil est Noura Mohamed Kaboré bénéficie aujourd’hui, d’une renommée qui transcende les frontières nationales et africaines. Il est plus connu du fait de sa musique qui l’a propulsé au rang des meilleurs artistes ayant su puiser au plus profond de nos terroirs, des rythmes pour constituer des chansons agréables à écouter et à danser. Mais depuis 2015, « le principe aux pieds nus » comme on l’appelle, a créé un centre de résidence artistique au profit des acteurs culturels. Le samedi 13 mai 2017, Afriyelba est allé à la découverte de ce centre dénommé « Paongo, la Cour du Naaba ». Constats et témoignages.     

Quartier Wayalghin, arrondissement 10 au nord-est de l’échangeur de l’Est de Ouaga.  C’est en ces lieux qu’est situé « Paongo, la Cour du Naaba ». Sur place où nous sommes arrivés, le 13 mai à 10h30, tout laisse à croire que cette cour porte réellement son nom. Pour cause : elle s’apparente plus ou moins à un domicile de chef (naaba) avec un grand portail (fermé à clés), mur clôturé, fleurs et branches d’arbres qui se dégagent en toile de fond, de façon visible. Mais, il s’agit bel et bien d’un centre de résidence artistique connu par les riverains qui nous ont, du reste, guidés sur le bon chemin menant tout droit au joyau. Aussitôt arrivé, un coup de fil au promoteur, Alif Naaba qui dépêche un collaborateur pour nous accueillir. Quelques instants après, nous voici franchi la porte de Paongo pour la première fois. De quoi susciter toute suite, un regard curieux dans la cour qui abrite une grosse maison avec plusieurs pièces. De l’extérieur, on se laisse facilement impressionné par le décor qui force l’admiration.

A Paongo, on forme les artistes.

En revanche, pas trop de temps pour contempler tout cela puis qu’après la bienvenue, Alif, visiblement très occupé nous « abandonne » quelques instants pour aller, dit-il, envoyer des mails. Il introduit auprès de nous dans la foulée, la jeune chanteuse, Nabalum dont il est le producteur. Juste le temps d’échanger avec cette pépite de la musique africaine. Une quinzaine de minutes plus tard, le prince aux pieds nus (Alif Naaba) nous reçoit dans son bureau. Pas pour longtemps car l’option a été prise de visiter d’abord les compartiments de la Cour du Naaba : bureau, dortoirs des résidents, service accueil et la grande salle de répétition qui retient plus attention avec le décor artistique et le matériel disponible. Ici, répète en moyenne, selon Alif Naaba, 7 à 8 artistes par semaine suivant une programmation organisée et affichée sur une feuille qu’il montre du bout des doigts.

La meilleure salle de Ouaga

 « Les Smokey, Faso Kombat, Miss Wedra, …viennent préparer leur concert ici. On a tout ce qu’il faut comme matériels de répétition. Les gens le savent. Le son est impeccable. Les artistes adorent travailler ici car c’est la meilleure salle de Ouaga. Ce n’est pas pour…. mais c’est la vérité. On a des claviers maîtres, un studio incorporé, une batterie dont je n’ai pas envi de te dire le prix, mais c’est énorme » se réjouit-il. Le promoteur de la Cour du Naaba montre un autre décor dans la salle qui permet aux artistes de préparer leurs spectacles comme s’ils jouaient en Europe. Ce décor n’est pas passé inaperçu sur les flashs de notre appareil photo.

Alif Naaba le promoteur du Centre rêve d’un espace plus grand. Crédit Photo TOINE.

Mais attention, « il faut bien prendre les photos » nous prévient Alif qui prend lui-même l’appareil pour se livrer à l’exercice. « Attends, je vais t’aider parce que j’ai été photographe, peut-être que je peux faire de belles photos. C’est tant mieux » avons-nous répondu. Après les prises de vue, nous quittons la salle de répétition « bien climatisée » pour ressortir dans la grande cour du Naaba. On y trouve un espace aéré doté de wifi qui permet aux artistes de se connecter et des fleurs dans les différentes allées. Alif Naaba nourrit l’espoir d’agrandir l’espace avec une scène de restitution, un lieu de programmation musicale où les artistes pourront jouer et un bar où ils peuvent se retrouver dans des conditions professionnelles propices. Derrière Paongo se cache des activités de formation au profit des artistes, des administrateurs, des managers… « Le projet, c’est une résidence, mais derrière, c’est accompagner à outiller les acteurs de la filière musique du Burkina » a expliqué Alif, notre guide du jour, à l’issue de la visite des locaux.

 « Quand on vient, on repart avec un gain »

Après avoir constaté de visu, le fonctionnement de la Cour du Naaba, un bref entretien a été réalisé dans le bureau du promoteur. A ce niveau aussi, le décor artistique au niveau des chaises des visiteurs et sur les murs ne passe pas inaperçu. C’est cela qui fait aussi la particularité de Paongo qui ouvre ses portes tous les jours. « Paongo veut dire richesse, le gain. C’est un lieu où quand on vient, on  repart avec un gain. On apprend et on repart avec quelque chose. Il est fonctionnel depuis décembre 2015 et inauguré par le ministre de la culture et nos partenaires ». En clair, la Cour du Naaba dénommée Paongo constitue, a rappelé son promoteur, un espace de résidence musicale. « On accueille des artistes qui viennent de partout pour les résidences. Les artistes résident ici et vivent, loin de leur quotidien, pour pouvoir créer. On accueille des artistes burkinabè qui ont besoin de répéter parce que l’on a une salle de répétition».

Un espace convivial vous attend au centre

A propos du matériel de pointe déployé dans la salle de répétition à Paongo, Alif Naaba s’explique : « Je travaille en tant que musicien, je répète dans cette salle. J’ai envie d’entendre que les choses sonnent bien, que la musique sonne bien. Au niveau matériel, on n’a rien à envier, la sono est super nikel. Pour moi, c’est important parce qu’un artiste a besoin d’entendre son son dans des conditions propres ». En tout état de cause, Paongo est spécialement dédié à la musique et reçoit des personnes de la culture en général. D’ailleurs, il y a des danseurs qui viennent, a indiqué le promoteur, donner des pas de danse à des artistes. De même, les peintres jouent leur partition. « Une partie du décor de la Cour du Naaba est faite par des peintres. Les arts se croisent ici. La plupart des artistes viennent. Les artistes burkinabè et étrangers viennent répéter, ici » s’est confie le promoteur.

« Paongo est là comme un laboratoire »

A y voir de près, Paongo est devenu, de l’avis du prince de Konkistenga (Alif Naaba), l’espace incontournable pour les artistes parce qu’ils trouvent un peu de sérénité, et le lieu revêt un caractère très positif. Il fait très bon, a-t-il soutenu, de travailler à Paongo, et les artistes qui y viennent se sentent comme chez eux. Ce n’est pour rien que des personnalités comme les ambassadeurs de France, des Etats unis, du Japon y font le déplacement pour visiter le joyau et encourager le personnel. Et ce n’est pas tout : « On a reçu d’autres personnalités dont A’SALFO, une équipe de Youssou N’Dour, le groupe Doming, etc. Il y a du monde qui vient nous encourager parmi lequel des partenaires locaux, etc.  On est très content car l’on a envie que les choses se passent bien pour les artistes. Il faut stimuler cette création à la base. Paongo est là comme laboratoire pour accompagner les artistes à donner plus de chance à leur talent et à mieux le travailler » a précisé Alif Naaba. Pour lui, un artiste qui ne travaille pas son art n’aura pas d’avenir. C’est pourquoi, il rend gloire à Dieu d’avoir eu un espace pour travailler et permettre aux autres artistes et acteurs de la culture de se perfectionner.

A’Salfo de Magic Systèm est venu faire un tour dans la cour du Naaba. Ici, il pose en famille avec le promoteur Alif Naaba

« J’espère continuer à recevoir plus d’artistes dans la Cour du Naaba. C’est leur maison, qu’ils viennent accaparer de leur maison. Paongo qui soutien d’autres artistes comme Nabalum démarre comme un projet pilote mais on espère dans les années à venir qu’il sera plus grand grâce au soutien des partenaires, autorités et des artistes » a souhaité le descendant de Naaba Konkiss, du village de Konkistenga situé à Koudougou dans la région du Centre-ouest. Celui-ci a dit suivre de près Paongo parce qu’il veut que ce centre réponde, du point de vue, artistique, aux besoins des artistes. Au même moment, il travaille sur son prochain album dont la sortie est prévue d’ici la fin de l’année. A ce propos, un message de remerciement ne manque pas pour les fans et tous les autres mélomanes : « Je reçois beaucoup de messages et je les remercie pour toute la marque d’affection qu’ils ont pour moi depuis plus de 10 ans » a confié Alif Naaba à la fin de notre séjour dans la Cour du Naaba qui a duré plus d’une heure.

Avant de nous dire au revoir, il s’est adressé aux responsables de Afriyelba en ces termes: « Je vous souhaite beaucoup de courage pour tout ce que vous faites pour la culture et particulièrement la musique. Continuez surtout, c’est sûr que ce n’est pas facile mais vous serez reconnus au niveau national et international. Merci d’être passés chez nous ».

Saïdou Zoromé


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