A chaque édition du festival Ciné droit libre, le comité organise, chaque jeudi du programme, un panel à l’Université Ouaga I Pr Josèphe KI-Zerbo. A cette 15ème édition, il a encore sacrifié à la tradition. En effet, ce jeudi, 12 décembre, l’Amphi A600 de cette Université a abrité un panel sur le Dialogue démocratique avec d’éminents panélistes comme le Docteur Jacob Yara, modérateur, Ambroise Diarra, ancien commissaire de police, Mamoudou Savadogo, Expert en sécurité, Abdoulaye Gandema, Directeur de la police de proximité, Minata Traoré, commissaire de police et juriste et Boukary Kaboré dit le lion. Ils ont répondu avec satisfaction aux questions des centaines d’étudiants qui ont fait le plein de cette salle.
Ce 12 décembre 2019, c’est un amphithéâtre A600 plein à déborder que nous avons trouvé à l’Université Ouaga I Pr Josèphe KI-Zerbo à notre arrivée. Le public, constitué essentiellement d’étudiants, n’y était pas pour prendre des cours pédagogiques, mais pour assister à un panel organisé dans le cadre du festival Ciné droit libre sur « l’implication de la population dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme au Burkina Faso », un thème animé par des personnes aguerries de la sécurité. Avant l’entame du panel, c’est le coordonnateur du Festival, Abdoulaye Diallo qui s’est adressé aux étudiants pour leur expliquer le sens de ces échanges. Avant de faire un tour de table pour donner la parole aux panélistes afin de savoir comment le pays se porte, le modérateur, Jacob Yara a laissé croire que la question de l’insécurité est un sujet délicat si bien que pour y arriver « on a besoin de personnes courageuses ». « Le Burkina Faso va mal, voire très mal ! », du reste, c’est ce qu’ont déclaré, à l’unanimité les panélistes à leur première prise de parole. Par conséquent, il a besoin plus que des Forces de défense et de sécurité pour pouvoir faire face à cette insécurité, selon commissaire Gandema.
Le terroriste n’a pas de profil type
Selon Mamoudou Savadogo, le terroriste n’a pas de profil type, et c’est ce qui complique davantage la lutte. « Le terrorisme c’est un processus. On se radicalise, on devient extrémiste ensuite on devient violent et on pose des actes terroristes. Ce que veut dire qu’a un moment donné tout le monde peut basculer. Alors, la place primordiale qu’occupe la population dans la lutte contre le terrorisme est indéniable. Et omettre ou bien ne pas tenir compte de la population dans la lutte contre le terrorisme c’est vraiment faire une grande erreur et c’est aussi se fermer toutes les portes possibles pour atteindre nos objectifs » a-t-il expliqué.
Boukary Kaboré dit le lion a, quant à lui, indiqué que pour combattre ce mal du siècle, il faut qu’on ait « une bonne définition du terrorisme ». Et pour lui, il y a diverse forme de terrorisme au Burkina Faso. «Le terrorisme que nous vivons ici au Burkina Faso, il y en a trois formes. Quand par exemple vous regardez comment se passe l’attaque d’un camp, ça c’est le travail des militaires. Est-ce que des civiles peuvent s’organiser pour aller attaquer le camp de Paspanga ? Ils ne sont pas malades. Donc c’est sûr que ce sont des militaires qui peuvent faire ça. Mais si vous entendez que des bœufs ont été pris, ça c’est le travail des voleurs. Et les barbus, eux, ils disent que si tu ne prie pas ils vont te tuer. Eux ce sont des islamistes » a expliqué monsieur Kaboré aux étudiants, avant de poursuivre que c’est le mécontentement sur la base de l’injustice qui amène les gens à se rebeller.
Il a donc suggéré qu’on reprenne les militaires « injustement radiés » pour permettre de terrasser l’ennemi, c’est-à-dire les terroristes. Quant au problème des voleurs, il pense que « c’est une chance d’avoir les KOLGWEOGO qui s’organisent pour ça ». Il a aussi fait noter que les Kolgweogo sont nés sous l’ère de Blaise Compaoré qui était « dans l’incapacité à pouvoir couvrir et protéger les biens des population. Mais pour cet étudiant, Nible Gnanou, en Unité de formation et de recherche en Sciences exactes et appliquées (UFR / SEA) de l’UO I Pr Josèphe Ki-Zerbo, qui est intervenu, il pense que « nos dirigeants » manquent de vision, sinon cette crise sécuritaire dans le sahel ne devrait pas arriver. En l’en croire, selon l’histoire de l’humanité, « toutes les guerres viennent toujours du Nord ». Et le cas libyen devrait être, selon lui, un présage pour « nos dirigeants » de prendre des dispositifs nécessaires à partir du sahel.
Au finish, les préoccupations des étudiants qui ont été prises en compte ont permis aux panélistes de parvenir à conclure que la population doit se sentir concerner en mettant la question sécuritaire sur la place publique afin d’en faire un débat permanent. Aussi, ils pensent que des entités « plus techniques » doivent étudier l’appel de volontariat du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré pour lutter contre le terrorisme, afin de savoir comment ces volontaires doivent être impliqués, pour ne pas basculer dans le chaos. Minata Traoré, quant à elle, pense que la population peut jouer sa partition par sa collaboration à travers le renseignement et aussi les interpellations citoyennes doivent amener les institutions à revoir leurs méthodes d’intervention et à améliorer leurs prestations qui sont données aux populations.
Abatidan Casimir Nassara