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DICK MARCUS: Sa nouvelle vie au conseil national de transition


 

Artiste musicien originaire de la localité de Djibo, Dick Marcus a écumé plusieurs scènes et écoles artistiques à travers l’Afrique avant de poser ses valises au bercail en 1998. Du Cameroun en passant par le Nigéria auprès de Fella Anikulapo Kuti et la Côte d’Ivoire, Il n’a jamais eu la langue dans la poche. Dick Marcus a toujours dit haut ce que certains pensent bas. Depuis la sortie de son premier opus au Burkina en 1999 où il rend hommage à Thomas Sankara tout en décriant le régime Compaoré, l’artiste a toujours mené une lutte contre l’impunité. Suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre dernier et l’instauration du Conseil national de transition (CNT) dont il est membre avec rang de député, nous l’avons rencontré pour vous. Dans cette interview exclusive, il nous parle de sa nouvelle vie au CNT et des grands projets pour la culture.

Evasion : Les textes de tes chansons t’ont prévalu le pseudonyme de Rebel, te réjouis-tu après la chute du régime Compaoré ?

Je pense que dans ce Burkina, je fais partie de ceux qui sont les plus heureux en ce moment. Nous sommes arrivés à l’aboutissement de notre lutte, celle de briser toute la chaine de l’impunité, de la corruption, de l’oppression, en un mot le pouvoir totalitaire.

N’as-tu pas voulu baisser les bras à un moment de la lutte malgré tes chansons engagés?

J’avoue qu’après 2010, après l’élection présidentielle et la sortie des militaires en 2011, je me suis posé beaucoup de questions. Tout le monde était mécontent mais personne ne parlait, c’était ça le paradoxe. Je me suis posé des questions à savoir si c’est moi qui étais sur la bonne voie ou ce sont les gens qui étaient sur la mauvaise.

Le fait de chanter Ouagadougou ou des histoires d’amour, certains pensaient que tu avais changé de camp

C’est vrai. Même Bob Marley a fait des chansons d’amour. Je ne trouve pas de mal à chanter Ouagadougou, je me réjouis de le faire. Aujourd’hui Blaise est parti, le CDP est tombé et qui dira que Ouagadougou n’est pas beau. Le Burkina a repris le chemin du travail quatre jours après l’insurrection populaire et ça c’est formidable.

Comment as-tu vécu l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre dernier ?

Moi-même j’étais acteur et à un certain moment on n’avait plus peur de la mort. Je pense qu’il n’y a plus deux façons de mourir. Et le peuple burkinabè a prouvé à la face du monde qu’il est un peuple soudé et déterminé pour une même cause.

As-tu pensé que tu étais un oublié de la presse pendant et après l’insurrection populaire?

Non, oublié c’est trop dire. Moi je ne fais parti d’aucun mouvement. Je reste un musicien, militant, engagé et activiste.

Mais tu es le président d’une association ?

Oui c’est l’association des musiciens professionnels. Nous ne sommes que musique dans cette association. Je ne suis membre d’aucun parti politique. Mon combat a commencé depuis 1999 quand je suis arrivé au Burkina. On a fait beaucoup de choses avant que Sam’s K le Jah et Smockey n’arrivent. Je ne suis pas du balai citoyen mais j’épouse leurs idéaux. J’ai soutenu tout mouvement qui était engagé à faire partir Blaise Compaoré. Je ne rentre dans les querelles d’individus.

Quelle est ta nouvelle vie au sein du Conseil national de transition ?

De toutes les façons c’est la continuation de ce qu’on a commencé. Il faut assumer ce qu’on pense. Si le pays a besoin de quelqu’un afin qu’il apporte ses idées pour la construction, je pense qu’il ne faut pas hésiter. Tout citoyen doit être fier de servir sa patrie. Que ce soit au CNT ou dans tout autre service. Nous sommes là pour concrétiser les aspirations du peuple pour une démocratie véritable et je crois que j’ai ma place au CNT.

Quelles sont les bases qui seront posées pour la culture au sein du CNT dans un contexte où les acteurs culturels sont les plus pauvres?

Tu as raison, mais il faut reconnaitre que la transition ne dure qu’une année. Konaté et moi qui représentons la culture au conseil national de transition allons développer deux ou trois grands projets pour décoller la culture dans toutes ses composantes. Il y a le statut de l’artiste, le financement des structures qu’il faut professionnaliser. Nous avons beaucoup d’acteurs culturels qualifiés dans ce pays et c’est l’occasion de faire aboutir les préoccupations des artistes. Par exemple au sein du BBDA, le conseil d’administration doit être géré par un artiste musicien, il faut qu’on sache le montant de l’argent qui rentre et qui sort.

Tu as le même titre qu’un honorable député, ce sera le même Dick Marcus qu’on retrouvera toujours au ghetto ?

Je ne fonctionne pas comme les autres. Je reste égal à moi. C’est ce qu’on apportera au peuple qui est le plus important pour la construction de ce pays. Je suis avec mes mêmes amis au quartier et au plan professionnel. Je participe toujours aux réunions des artistes comme avant, je ne me sens pas hors de mon monde culturel. A certaines occasions on me verra sur des podiums en tant qu’artiste.

Dick Marcus aura-t-il désormais le regard tourné vers la politique ?

Je ne me suis jamais éloigné de la politique. Ce que je dis dans mes chansons relève de ce qui est politique. Avant ce poste de député, j’ai été directeur de radio dans ce pays et cela ne m’a pas empêché d’être un musicien.

Quelle est ta réaction sur la contestation d’Adama Sagnon à la tête du ministère de la culture ?

Dans la vie chacun pose des actes qui le rattrapent tôt ou tard. Aujourd’hui, le peuple est souverain.

Quel est ton mot de la fin ?

Que tout le monde sache que le changement dans ce pays n’est pas un vain mot et que le changement ce n’est pas seulement à la tête de l’état. Le changement doit être au niveau individuel et au niveau comportemental, par exemple arrêter de bruler les feux tricolores en respectant les règles de bonne conduite en matière de circulation routière.

Propos recueillis par Aboubakar Kéré KERSON

 


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