Un artiste ne peut pas se contenter d’affirmer qu’il est célèbre parce qu’il tourne à Ouagadougou et dans les 45 provinces dans des spectacles en playback. Bien qu’il gagne 500 000 FCFA par spectacle, ce n’est pas ça que j’appelle une carrière bien aboutie ! Bien au contraire, c’est l’échec programmé qui est en ligne de mire. Il fonce d’ailleurs tout droit dans le mur !
La gestion de la carrière d’un artiste doit tenir compte de certains principes régaliens du moment. Il n’y a pas deux façons de faire du showbiz. Les succès de Sidiki Diabaté, Franco… (Pour ceux qui sont proches de nous) sont des cas d’école. De nos jours, on n’a pas besoin de faire le tour de son pays ou avoir un succès médiatique chez soi pour supplanter les box-offices du monde.
Nos artistes ont-ils des plans réels de carrière ? Pourquoi viennent-ils dans la musique ? C’est à quelle fin ? Quelle musique font-ils ? Où veulent-ils aller ? Leurs managers sont-ils des pros? Quand je vois aujourd’hui la vie pitoyable que mènent certains de nos artistes qui crevaient l’audimat, il n’y a même pas 5 ans, j’ai bien peur que nous ne sortirons jamais un jour de ce tunnel.
Car voyez-vous, j’ai été scandalisé quand j’ai appris qu’on a refoulé tout dernièrement un artiste musicien qui voulait se rendre à l’Hexagone, uniquement pour la simple raison qu’il n’a pas d’argent dans son compte bancaire. Pourtant, sa notoriété et ses multiples spectacles qu’il donne çà et là ne souffrent d’aucune contestation. Le minimum pour un artiste, c’est d’avoir un compte en banque. Toutes les transactions financières, Contrats de prestations, pourcentage du manager et autres doivent être gérés via son compte.
Mais ce que nous constatons de nos jours, l’artiste reçoit 500 000 FCFA cash après sa prestation sous un manguier dans la pénombre, loin des regards de curieux. Immédiatement, le manager traîne son artiste dans un bar lugubre d’à côté pour récupérer ces 15 ou 20% et c’est la torche du portable qui sert de lampe témoin. Comment dans un tel contexte, un artiste pourra-t-il épargner ou envisager des projets personnels dans le sens d’accroître sa carrière ?
Il y a des artistes qui gagnent au Burkina, aux bas mots 2 millions par semaine en guise de cachet de spectacle. Pourquoi ne pas envisager dans l’année, épargner 1 millions et demi pour financer son voyage avec son manger en Côte d’Ivoire par exemple ou ailleurs (louer un appartement meublé) pour un mois, juste pour faire du booking, des rencontres, de la communication etc ? Pas de spectacles ! Uniquement pour se présenter, nouer des contacts et surtout implanter une représentation là-bas. Je vois des artistes comme Floby, Dez Altino, David Le combattant, Dicko Fils qui peuvent le faire. Ils n’y vont pas pour des prestations mais pour des contacts et de la visibilité. Et pour entreprendre une telle démarche, il faut savoir définir et choisir sa cible. Qui aime et consomme ta musique ? Quel est le pays qui pourrait être réceptif à tes chansons ? Etc.
D’autres parts ; il ne suffit pas d’avoir 2, 5, 15 albums ou 6, 7, 14 titres pour avoir un succès mondial. Avec juste un titre, on peut marcher sur le toit du showbiz mondial. Certes le talent y est pour beaucoup mais le contact est le facteur primordial. Nos artistes se contentent de gambader au pays avec leur manager et après avoir écumé toutes les scènes nationales, ils sombrent dans la routine et les fans commencent à se sentir dégoutés. Une fenêtre peut être ouverte vers la sous-région ou l’international avec une autre équipe, un autre staff ou un autre manager. David le Combattant par exemple peut constater que ses œuvres sont fortement appréciées chez lui et ailleurs et il tente une ouverture avec un label ou un major en Europe ou ailleurs qui serait flatté par sa musique. Il confie donc la promo et sa carrière exclusivement à cette structure dans cette partie du globe tandis que son manager maison continu son job sur plan local (exemple : Magic System, Alif Naaba, Sana Bob…). Cela va permettre à l’artiste d’être présent sous toutes ses formes tant chez lui qu’ailleurs. Ne vous prélassez pas sur l’incompétence de vos managers locaux pour dormir et ronfler. Battez le fer quand il est chaud en vous positionnant vers d’autres contrées.
Autres cas de figure avec vos managers. Malgré les efforts que certains font dans l’exercice de leur métier, il y a toujours les brebis galeuses. Des artistes se baladent de nos jours avec des plaintes sous la selle de leur moto rédigées par des gendarmes et policiers pour remettre à un manager qui aurait extirpé une forte somme d’argent. Ce dernier leurs auraient promis qu’il allait gérer à bien leur carrière moyennant un montant. Il serait aujourd’hui en cavale malgré les promesses de remboursement qu’il avait promis. Un tel comportement, comment voulez-vous que notre milieu se professionnalise ? Des managers qui sont en délicatesse avec les promoteurs de spectacles car ils auraient empoché l’argent de leurs artistes pour des concerts sans aviser l’artiste en question. Des managers, malgré la rupture de contrat avec leur artiste continuent à signer des contrats pour ce dernier dans l’illégalité totale sans en informer l’artiste. La gestion de la carrière d’un artiste passe aussi par la crédibilité de son manager. A cause de cette méfiance grandissante, je constate déjà certains producteurs qui préfèrent porter dorénavant plusieurs casquettes. En plus de producteurs, ils sont éditeurs et aussi managers. Ils se baladent avec leurs artistes et signent eux-mêmes les contrats. Papus Zongo (1er producteur de Floby) et Ibrahim Olukunga (producteur de Greg) sont des cas de figure. Ils auraient décidé de ne plus faire confiance aux managers.
Je boucle la boucle sur l’utilisation des différents comptes facebook, twiters et autres par nos artistes. Ne soyez pas des amateurs partout ! Quand on devient artistes et surtout que la célébrité devient croissante, annulez vos anciens comptes et créez en d’autres. Ne soyez pas administrateurs de vos comptes publics (Imilo Lechanceux est un exemple parfait). Nous avons de plus en plus des pros en la matière et confiez leur cette tâche. Vos comptes personnels doivent être strictement personnels et ne les communiquez qu’à vos proches. Ne mélangez pas vos infos privées dans vos comptes publics et vice versa. Pour les artistes en herbe, l’internet doit être votre « daba » (pain quotidien) soyez des pros en la matière et faites circuler vos œuvres sur certains sites et blog, vaille que vaille, si vous chantez merveilleusement bien, vous décrocheriez des contrats juteux. 35% aujourd’hui des nouveaux artistes européens, américains et asiatiques doivent leur célébrité grâce à la toile. Ils ont su bien tisser leur «toile ».
Jabbar !