Le 12 novembre 2024, à Ouagadougou, l’artiste Tao Irisso, plus connu sous le nom de Tao le Flûtiste du Sahel, a présenté son tout premier album Kitago, un projet musical ambitieux composé de neuf titres, entièrement dédié aux instruments traditionnels du Burkina Faso. Cet album, véritable hommage à la richesse de l’héritage musical africain, marque une étape majeure dans la carrière de l’artiste, qui a su allier sa passion pour la musique à un engagement profond pour la préservation des instruments traditionnels.
Tao Irisso a commencé son voyage musical en 1987, lorsqu’un ami lui offre une flûte, un instrument qui deviendra son fidèle compagnon. Arrivé à Ouagadougou en 1989, il consacre plusieurs années à perfectionner sa maîtrise de la flûte tout en enchaînant de petits boulots. Sa détermination et son talent lui permettent d’intégrer des ensembles prestigieux comme le Ballet national, Le Bourgeon du Burkina, la troupe Watinoma, le Marbayassa, ainsi que des compagnies de danse contemporaine dirigées par Salia Sanou et Irene Tassembedo. Sa carrière lui permet également de se produire lors de grands événements tels que le FESPACO, le SIAO, ou encore la SNC au Burkina Faso, mais aussi sur la scène internationale, en Afrique de l’Ouest, en Australie, au Maghreb, aux États-Unis et au Japon.
Bien que l’album ait été enregistré en 2023, le projet Kitago existe dans l’esprit de Tao depuis 1996, une idée mûrie au fil des années, soutenue par un désir de valoriser les instruments traditionnels africains et d’offrir un espace aux sonorités de son pays.
Le titre de l’album, Kitago, qui signifie “la marche du roi” en langue locale, reflète les thèmes centraux de l’œuvre : l’hospitalité, la solidarité, l’entraide, la cohésion sociale et la paix. Ces valeurs sont incarnées à travers une sélection de morceaux où les instruments traditionnels, comme la flûte, le kundé, la calebasse et l’arc à bouche, sont mis en avant. Pour Tao, cet album représente plus qu’une simple compilation de morceaux : il s’agit d’un moyen de contribuer à la sauvegarde et à la promotion des instruments traditionnels, souvent relégués à l’arrière-plan face à la prédominance des voix et des chanteurs dans la musique contemporaine.
L’artiste décrit Kitago comme une revanche pour tous les instrumentistes qui œuvrent souvent dans l’ombre des chanteurs, mais qui, avec cette œuvre, prennent leur place au cœur de la scène musicale burkinabè et au-delà.
Pour Tao le Flûtiste du Sahel, Kitago est l’accomplissement d’un rêve de longue haleine. Cet album, premier du genre au Burkina Faso à être exclusivement instrumental, fait de lui le pionnier d’un mouvement qui cherche à redonner ses lettres de noblesse à la musique instrumentale traditionnelle dans un monde où la voix domine.
L’album est disponible en clé USB et Tao met également son œuvre à la disposition des réalisateurs de films et d’autres artistes souhaitant poser des voix sur ses compositions, ouvrant ainsi la voie à de futures collaborations créatives.
Avec Kitago, Tao le Flûtiste du Sahel inscrit son nom dans l’histoire musicale du Burkina Faso et de l’Afrique, en offrant une œuvre profondément ancrée dans les traditions tout en apportant une touche de modernité. Cet album est une invitation à redécouvrir la richesse des instruments africains et à célébrer les valeurs universelles de solidarité et de paix. Un projet à la fois audacieux et porteur d’espoir pour l’avenir de la musique traditionnelle africaine.
Par Wend Kouni