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Ville nouvelle : Yennenga, la vitrine burkinabè


REPORTAGE. Au sud-ouest de Ouagadougou, la capitale du Burkina, la ville nouvelle de Yennenga est en train de sortir de terre. Elle symbolise l’urbanité de demain telle qu’imaginée au Pays des hommes intègres.

Au Burkina Faso, Yennenga est le nom d’une princesse amazone, fondatrice du royaume des peuples mossis. Yennenga est aussi le nom d’une ville nouvelle en train de sortir de terre au Pays des hommes intègres. Une ville d’un modèle nouveau en Afrique, une ville durable, autonome en énergie et capable d’absorber un peu de la démographie galopante de la capitale burkinabè. Projet utopique ? Pas tant que ça. À une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Ouagadougou, les engins de chantier s’agitent déjà. Les travaux de terrassement sont déjà bien avancés, les voies d’accès tracées, les adductions d’eau en chantier, la voirie, bordée de caniveaux, est visible et les premières maisons témoins ouvrent leurs portes. Dès 2019, les premiers habitants devraient y emménager…

Créer une ville durable et un pôle d’attractivité

Ce projet fou est celui de Saïdou Tiendrebeogo, promoteur burkinabè, PDG de la Holding CGE. Cet ingénieur, diplômé de l’ENTPE (École nationale des travaux publics de l’État) de Vaulx-en-Velin, près de Lyon, a voyagé dans les capitales du monde entier avant de rentrer au pays et de créer sa société de promotion immobilière. À Bassinko, il a construit un premier lotissement de 1 232 logements. Avant de voir les choses en grand. « Nous avons recherché du foncier dans la région de Ouagadougou avec l’idée de répondre aux besoins d’une ville qui se développe à une vitesse incroyable. Il y a quelque 150 000 nouveaux habitants chaque année ici et il faut les loger », explique le promoteur. C’est à Koubri, au sud-est de la capitale burkinabè, dans la continuité du quartier résidentiel de Ouaga 2000, que Saïdou Tiendrebeogo a jeté son dévolu sur un espace de 700 hectares. Avec ses 100 000 habitants, il promet de faire de Yennenga la quatrième ville du pays, et une véritable destination touristique. Un pôle d’attractivité à l’échelle du Burkina, mais également de l’Afrique de l’Ouest

 

Une inspiration puisée à l’aune de l’histoire, celle de la princesse Yennenga

Sa ville, qui s’organise autour d’un œil figurant l’œil de la princesse Yennenga, il en parle avec des étoiles dans les yeux : « Ce cœur de ville comprendra une cité administrative, des sièges de société, des commerces, des bureaux, des logements dont une proportion de logements sociaux, des écoles, des équipements et espaces publics, des pépinières, une agropole et même un parc d’attractions de 30 hectares. Ce sera une ville verte dans un pays sahélien, les eaux de pluie seront récupérées pour arroser les espaces verts, les vents seront utilisés pour la rafraichir, le solaire rendra la ville énergétiquement autonome, la lumière, élément de sécurité la nuit, sera très présente, les nouvelles technologies y seront utilisées pour en faire une véritable smart-city… Ce sera la ville africaine de demain, en rupture avec celle d’aujourd’hui.  »

Mais les Africains, tellement attachés à la terre et aux habitations de plain-pied sont-ils prêts à adopter le modèle de la copropriété en habitant en étage dans des immeubles aux rez-de-chaussée occupés par des commerces ?

Un projet déjà plébiscité par les Burkinabè

Au regard du succès remporté par les journées portes ouvertes organisées sur le site, « 3 500 maisons ont été pré-vendues ! » se réjouit-il. Saïdou Tiendrebeogo ne semble pas douter de l’adaptation à ce nouveau mode de vie, même si les premiers à se laisser séduire par la ville nouvelle, ceux qui ont signé, sur plan, pour les premières habitations, sont pour la plupart des Burkinabè de la diaspora, familiers des villes européennes ou américaines. «  Il faut former les esprits, se projeter dans une nouvelle vision de la ville moderne, amener les Burkinabè à adhérer à la propriété collective. C’est une nécessité, on ne peut pas continuer à étendre les villes », plaide-t-il. Pour convaincre les Burkinabè, les appartements seront munis de terrasses pour que chacun puisse bénéficier d’un extérieur. Et le projet multiplie espaces verts et espaces publics où se retrouver. Plusieurs sociétés seraient également prêtes à y implanter leurs sièges, à commencer par la sienne. Quant au financement de ce projet pharaonique, amorcé par CGE, il rencontrerait, selon son PDG, un écho favorable auprès des banques, mais aussi d’investisseurs privés, turcs, roumains, espagnols, européens, mais aussi locaux…

Des expertises variées pour faire aboutir ce projet

Pour monter son projet, CGE Holding a fait appel à des expertises nationales, mais également extérieures. C’est ainsi que les architectes français d’Architecture Studio et les ingénieurs français de B4 Design et Ingineering, ont intégré, sur concours, le groupement d’aménageurs du projet Yennenga. Karim Bensiam, spécialiste de l’ingénierie des villes chez B4 reconnaît qu’il a eu un moment d’hésitation avant de se lancer dans cette aventure démesurée.

« Dans ce paysage sahélien fait d’une zone aride, rocailleuse et plantée de baobabs, nous travaillons sur le principe d’une ville durable, énergétiquement autonome grâce au solaire, plus dense que les villes africaines », résume Karim Bensiam, « mais il nous faut aussi réfléchir et anticiper le trafic automobile qui va s’établir entre Yennenga et Ouagadougou, les relations entre les espaces publics et les espaces privés, la façon de gérer la saison des pluies et les inondations ». Alain Bretagnolle, d’Architecture Studio, réfléchit à la façon d’intégrer les baobabs existants à la future ville, à cette pépinière d’arbres qui viendront verdir et ombrager Yennenga, aux avenues bordées de palmiers, aux traditionnels « maquis », ces restaurants de bords de route qu’il imagine implanter dans la ville nouvelle. Mais aussi à la façon d’entretenir la ville le plus simplement possible, en installant par exemple des poules dans les jardins pour picorer le compost.

Un souci permanent d’être dans le durable

Construire durable passe aussi par l’utilisation de matériaux locaux comme les blocs de pisé, intéressants sur le plan thermique, par l’installation de larges toitures pour apporter de l’ombre, aux toitures inversées pour recueillir les eaux de pluie et irriguer l’acropole. « Bref, une ville qui produise ce dont elle a besoin » résume l’architecte. Et puis, véritable défi dans un pays qui vit à l’horizontale, l’érection d’une tour de 140 mètres de haut qui agira comme un repère. « L’étalement urbain est le gros problème de la ville africaine », considère-t-il, « Yennenga peut être une forme de réponse, mais il faut pour cela passer par un changement de vie, du village au lotissement et aux immeubles collectifs en hauteur ».

Et puis, il faudra aussi intégrer Yennenga au projet de Grand Ouagadougou. Le maire de la capitale observe pour l’instant les fondations de la ville nouvelle avec circonspection. « Ce projet est assez surprenant, c’est la première fois qu’un promoteur s’engage dans un projet aussi gigantesque de construire une ville nouvelle », reconnaît Armand Beouindé  ». Ça pose un certain nombre de questions, comme la façon de l’intégrer au grand Ouaga, et de relier les deux villes. » Mais il reconnaît aussi l’urgence de répondre au problème de l’étalement urbain : « Aujourd’hui, c’est certain, il faut repenser l’occupation du sol et construire en hauteur. »

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