La dixième édition du concours Dora de peinture murale traditionnelle kassena a pris fin ce dimanche 23 mars lors d’une cérémonie riche en couleurs à la salle de fête de la mairie de Tiébélé. En présence du président de la délégation spéciale de la commune, Aimé Gué, et de nombreuses personnalités culturelles, cet événement a marqué un jalon dans la préservation du patrimoine culturel de la région. Le lycée de Tengassogo est le vainqueur de cette dixième édition, qui a été une occasion pour l’association Dizenidani de dire merci aux partenaires et acteurs qui accompagnent le concours depuis le début.
Depuis son lancement il y a dix ans, ce concours, qui s’est déroulé cette année du jeudi 20 au dimanche 23 mars, joue un rôle clé dans la transmission des techniques architecturales ancestrales de Tiébélé. Ce savoir-faire, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO grâce à la cour royale de Tiébélé, est ainsi partagé chaque année avec des centaines de jeunes élèves.
Pour cette édition, c’est le lycée de Tangassogo qui a décroché le premier prix, succédant au CEG de Kaya, vainqueur des deux éditions précédentes. Les élèves ont réalisé leurs peintures avec des matériaux exclusivement naturels, tels que la latérite, l’argile boueuse, la bouse de vache, le graphite, le kaolin et la cendre, suivant les enseignements des femmes maîtres en la matière.
Après trois jours d’apprentissage et de pratique, les onze lycées en compétition ont présenté leurs œuvres au jury présidé par Ouambatoua Arnaud. Ce dernier a rappelé les critères d’évaluation, parmi lesquels l’embellissement, l’authenticité, et le nombre de signes traditionnels représentés. « Un mur bien travaillé doit être poli pour résister aux eaux de ruissellement et conserver ses couleurs. Cette année, nous avons constaté une nette amélioration du travail des élèves », a-t-il affirmé.
Avec une moyenne de 16/20, le lycée de Tangassogo s’est imposé face à ses concurrents. Adeuba Ateigueba, candidate de l’établissement gagnant, a exprimé sa joie . « Nous avons écouté et appliqué les conseils de nos mamans, et cela nous a permis de gagner. Nous partagerons nos apprentissages avec ceux qui n’ont pas pu participer.»
Au-delà du classement, l’objectif fondamental du concours Dora demeure la transmission des techniques ancestrales de peinture murale. Le président de l’association Dizenidani, organisatrice de l’événement, a souligné cette mission essentielle. «Nous avons constaté à un moment donné, que lorsque nos mamans qui maîtrisent cet art sont fatiguées, et il n’y a pas de relève. Ce concours a été initié pour combler ce vide. Malgré les difficultés, nous sommes fiers de célébrer cette décennie d’existence. »
Cette édition a également été l’occasion de remercier les partenaires fidèles et les acteurs clé de la peinture murale traditionnelle Kassena , tels que la Fondation Cuomo et Kayè Tintana, pour leur soutien indéfectible.
Le président de la délégation spéciale de Tiébélé, Aimé Gué, a salué l’initiative et exhorté les uns et les autres à la soutenir davantage. « Ce concours contribue à préserver notre patrimoine. Il a fortement participé à l’inscription de la cour royale de Tiébélé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous devons œuvrer à le pérenniser. »
L’association Dizinidani nourrit de grandes ambitions pour l’avenir. Elle envisage d’étendre le concours à tous les établissements scolaires de la commune et même au-delà. Après une décennie d’existence, le concours Dora se positionne comme un pilier de la préservation et de la valorisation du patrimoine culturel kassena.
Par Wend Kouni