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ALTERNANCE DEMOCRATIQUE EN RDC : Tiken Jah, le mouton noir de Kabila


Joseph Kabila ressemble à un homme « enchaîné » dans une vaste caverne qu’est la République démocratique du Congo. En effet, Kabila n’a jamais été démocrate au sens plénier du terme. Faut-il s’en étonner ? Le président congolais ne fait que perpétuer avec brio une tradition de réflexes autocratiques de ses prédécesseurs, en l’occurrence, son père, Laurent Désiré Kabila et Mobutu.  C’est dans cette veine qu’on comprend l’ « éconduction » de l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly et ses musiciens  à l’aéroport de Kinshasa, pour des raisons administratives. Les faits se sont produits le vendredi  19 juin 2015. Les autorités aéroportuaires ont estimé que les visas détenus par Tiken et ses musiciens étaient irréguliers. Selon une déclaration de la star du reggae, « les services d’immigration » leur ont signifié « qu’il y a eu des déclarations qui sont en contradiction avec ce qui est porté sur le visa ».

Avant de revenir sur l’indécence démesurée des autorités congolaises, il sied de préciser les raisons du déplacement du musicien ivoirien en RDC. Il y était sur invitation des organisateurs du festival Jazz Kif 2015 et de la fête de la musique dont il devrait être la grande vedette. Mais voilà, parce qu’il aurait un visa « civil » ou de « touriste », les services de sécurité au service de Kabila ont éconduit Tiken. Il est surprenant que ce « citoyen africain » soit traité de la sorte sur le sol digne du Congo. Un « traitement » qu’il n’a pas eu, même sur une terre lointaine comme la Belgique, à quelques 9033 km de Kinshasa. Au lieu de se la fermer pour éviter de se ridiculiser davantage, les autorités congolaises ont tenté de se justifier. Prenant tout le monde pour des « nez percés ». Du reste, elles-mêmes ne croient pas à leurs explications. Les autorités de la RDC voudraient  cacher le soleil avec leurs doigts, qu’elles ne s’y seraient pas prises autrement.

Il ne reste à  Kabila qu’à  interdire la musique de Tiken dans son pays

Apparemment, le président congolais et ses proches sont mal à l’aise quand on leur parle du respect de la Constitution. Ils savent que toucher à la limitation du nombre et de la durée des mandats du président risque de porter un coup à la paix précaire en RDC, mais ils prennent des initiatives pour rester au pouvoir. Depuis des mois, diverses manœuvres sont concoctées dans les officines de la présidence congolaise et du parti au pouvoir. Pour arriver à ses fins, le clan Kabila procède par la tactique de la terre brûlée, notamment en bafouant les droits de l’Homme.

Entre autres, cela consiste à ériger un « mur » autour de la RDC, l’objectif étant d’isoler son peuple de l’extérieur pour éviter que les idées de revendications démocratiques, les courants de pensée progressiste,  la mondialisation des idéaux démocratiques et de la bonne gouvernance, ne pénètrent ou ne traversent l’esprit de ses compatriotes. Pensant ainsi se prémunir contre toute idée de contestation populaire, à l’instar des cas burkinabè et sénégalais. C’est exactement pour cette raison d’ailleurs que les militants du Balai Citoyen et de Y en a marre  avaient été arrêtés à Kinshasa par la police congolaise avec plusieurs membres de mouvements citoyens congolais le 15 mars 2015. Assurément, Tiken Jah Fakoly, comme les autres activistes du mouvement citoyen africain, est la mauvaise conscience du président congolais, Joseph Kabila. « Quitte le pouvoir, ça fait trop longtemps que tu nous fais perdre notre temps » ; « il faut se lever » ; « je ne veux pas ton pouvoir », le président ne pouvait pas supporter que les Congolais écoutent ces titres « subversifs ». Il ne reste à Kabila qu’à fouiller les discothèques, à saisir les CD, les ordinateurs qui permettent à ses concitoyens d’écouter les messages de Fakoly. Il ne lui reste enfin qu’à interdire la musique de Tiken dans son pays.

Mais Kabila se trompe sur toute la ligne. En se comportant de la sorte, il renforce l’antipathie africaine et mondiale nourrie à son encontre du fait de ses actes. Il rend service à l’artiste musicien ivoirien pour cette publicité gratuitement diffusée à travers le monde entier. Sans le savoir, le président congolais,  par son comportement, confirme sa volonté de tripatouiller la Constitution de son pays pour rester au pouvoir après 2016. Son initiative de dialogue national n’est en vérité qu’un traquenard tendu à son peuple. Il pense réussir son « coup » en empêchant les Congolais de se nourrir des idéaux universels de la démocratie et des luttes progressistes irréversiblement engagées un peu partout en Afrique. Kabila a chassé Tiken, mais le message est passé : l’Afrique ne veut plus des tripatouilleurs de Constitution. Autrement dit, ce monsieur s’est fourré le doigt dans l’œil.

Le Pays


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