Né en 1955 dans le village de Walembi («venez goûter», en mooré) dans la province du Namentenga, chef-lieu Boulsa, Halidou Sawadogo a été élevé dans une concession où vivaient plus de 300 personnes. Son papa, Guébrila Sawadogo, qui avait quatre femmes dont sa maman, Aminata Dabilgou, était la première, était commerçant et cultivateur.
«Le papa, qui n’est plus de ce monde, faisait partie des premiers commerçants qui partaient au Ghana vendre le bétail. La maman, qui est décédée elle aussi, était ménagère», révèle-t-il avec un air de profond respect et d’admiration pour ses parents.
Les trois qu’a enfantés sa maman, et le troisième enfant sur les douze qu’a eu son papa. L’orphelin a également perdu un de ses jeunes frères. Le jeune Halidou a fait son école primaire à Boulsa en 1962, son collège au CEG de Kaya en 1969, puis le second cycle du secondaire au lycée Philippe Zinda- Kaboré. C’est au «Grand Zinda» que le natif du Namentenga fera la connaissance de l’actuel président du Conseil économique et social (CES), Ernest Paramanga Yonli, qui fut également un des Premiers ministres de la Ive république. Il l’appelle affectueusement «l’homme Paramanga».
Le membre actif de l’association des ressortissants du Namentenga entrera dans la vie active, après avoir obtenu son baccalauréat série D. Son premier lieu d’affectation fut la Société nationale d’électricité du Burkina (Sonabel), où il fut l’adjoint du chef du personnel de 1979 à 1981. Il repartit ensuite en Côte d’Ivoire avec la ferme volonté d’y poursuivre ses études, ses activités politiques et syndicales ne le lui ayant pas permis au « pays des Hommes intègres ».
Celui qui rêvait de faire des études de lettres fut contraint de revenir au bercail, et pour cause: «Les parents ne comprenaient rien. Pour eux, quelqu’un qui a pu aller à l’école jusqu’à avoir du travail ne doit plus continuer à étudier. Donc je suis revenu à Ouagadougou le 4 septembre 1983, soit un mois après l’avènement de la révolution.»
Le délégué général du «big Zinda» de 1976 s’est donc retrouvé une fois de plus dans l’activisme politico-syndical dont il se rappelle un épisode majeur: «C’est nous qui avons enclenché une grève de plus de trois semaines ici pour que le groupe des Etienne Traoré, professeur de philosophie à l’université de Ouagadougou et politicien, dont le groupe avait été renvoyé de la France, soit repris», se rappelle t- il.
Et les exemples n’en finissent pas, mais peuvent se résumer, surtout pendant la période révolutionnaire, à ces quelques actes dont il se remémore: «On était vraiment des CDR (Comité de défense de la révolution, NDLR), on défendait la révolution. On menait des veillées de bars, on faisait un travail de sensibilisation, etc.»
C’est donc parallèlement à ce militantisme dynamique scolaire et professionnel à travers le Syndicat des techniciens et ouvriers voltaïques (Stov) que le comédien en herbe se forgeait cet autre profil d’acteur artistique.
L’ex-agent de la Socogib raconte en effet: «Ma vie active et professionnelle ne m’empêchait pas de continuer dans l’art. J’ai été actif dans le domaine artistique depuis le primaire. On faisait le théâtre au primaire, et on était dans une association de scolaires pendant les vacances au secondaire. On montait des pièces à partie de scénarios déjà écrits sur des thèmes comme le mariage forcé, l’éducation des enfants où on jouait beaucoup de rôles.»
Mais l’Atelier théâtre burkinabè (ATB), fondé par Prosper Kompaoré, fut la première troupe officielle où le comédien Payangdé («n’est pas pressé», en mooré) travaillera de façon plus professionnelle.
C’est du reste avec cette troupe qu’il a contribué à l’animation artistique de l’inauguration du théâtre populaire en 1984, en jouant dans « Une saison au Congo » d’Aimé Césaire. Payangdé a également participé à des scènes au Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (Cito) où il a joué dans Trois prétendants un mari, adaptation théâtrale d’une série cinématographique dans laquelle il incarnait le rôle du chef du village.
Payangdé et M’bâ Boanga (Hyppolite Ouangrawa)
Vis-à c’est Vis-à-vis
Si Halidou Sawadogo a commencé par le théâtre avant d’allier à cet art du spectacle le 7e art, c’est principalement au cinéma qu’il a été le plus populaire et le plus célèbre. Son aventure à ce niveau a été plus révélée par le sitcom Vis-à-vis du réalisateur Abdoulaye Dao. L’acteur qui ne fait que le théâtre, le cinéma et la réalisation, confie avoir commencé à tourner dans cette production de la Télévision nationale du Burkina (TNB) avec une rémunération de 3 000 F CFA par épisode. Ce cachet évoluera par la suite à 5 000 F CFA, avant d’être revalorisé pour se stabiliser à 25 000 F CFA, grâce, foi de Payangdé, au ministre de la Culture de l’époque, Mahamoudou Ouédraogo.
Ce n’est donc pas pour rien qu’il évoque la disparation de Vis-à-vis avec regret: «Le film qui était tourné à l’intérieur du studio de la télé a d’abord été arrêté parce qu’on estimait que nous buvions trop de bière pour son tournage, surtout avec les reprises en cas de ratés. Le ministre Mahamoudou nous a dit de lui faire des propositions de cachets et on a discuté entre acteurs pour lui proposer 25 000 F CFA qui ont été acceptés. On a donc repris mais cela n’a pas empêché Vis-à-vis de mourir vivant. Quand tu fais quelque chose qui est bien, quelqu’un d’autre veut faire comme toi. A un moment donné on voulait reprendre le film et quelqu’un a dit qu’il ne peut pas y avoir deux Vis-à-vis parce qu’il y a déjà Affaires publiques. Mais Vis-à-vis c’est Vis-à-vis, Affaires publiques c’est Affaires publiques! Ça ne peut pas être la même chose!»
Les bons souvenirs cependant viennent de Silmandé, le tout premier long métrage dans lequel Payangdé a incarné le personnage d’un commerçant grugé, Mouni. Mais dans la vie réelle, il est loin d’avoir été grugé par ce film: «C’est mon plus grand rôle et le rôle qui m’a donné plus d’argent en un coup. Mon cachet était de sept cent mille francs CFA et c’était en 1997», se réjouit-il encore. Et ce rôle, le partisan de l’ordre et de la discipline avoue le devoir à Célestin Zongo, journaliste de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) et comédien.
Ce dernier lui aurait en effet donné l’information sur le casting de Saint Pierre Yaméogo que lui-même avait déjà fait. Après le passage de Payangdé, le casting aurait pris fin, les organisateurs dont Sotigui Kouyaté et son fils Dany, ayant estimé avoir eu leur comédien recherché.
L’autre bon moment qu’il a vécu avec Célestin Zongo fut la préparation de la toute première chorégraphie pour accompagner un artiste musicien au Burkina, en l’occurrence Pierre Sandwidi, Payangdé ayant été un des danseurs et le directeur artistique, et son ami Zongo le directeur artistique adjoint. C’était en 1974.
Fasozine