En ces temps de crise sanitaire due au COVID-19 avec son corollaire de mesures de restriction, plusieurs activités culturelles sont en berne rendant ainsi la profession du journaliste culturel plus délicate. Pour mieux cerner leur situation, nous avons rencontré quelques-uns. Le contexte faisant, c’est par des canaux inhabituels (Whats’App, Messenger, Appel téléphonique) que nous avons pu recueillir leurs avis. D’ailleurs, en ces moments de confinement, ce sont là, les vois privilégiées pour bon nombre de journalistes pour la réalisation d’interviews. Mais quid de l’impact de cette situation sur leur profession. Lisez plutôt.
L’arrêt des activités culturelles a eu un grand coup sur l’exercice du métier du journaliste culturel. Sur le plan professionnel le journaliste culturel se retrouve dans un champ d’action plus restreint, à en croire certains témoignages. Selon Hervé David Honla, journaliste culturel et fondateur du media oxygenemag.info, ce dur coup tient au fait que les activités culturelles, notamment la musique, la danse, le théâtre sont liés à la communication.

Pour lui, une bonne partie des journalistes culturels (environ 90%) sont actuellement dans l’inactivité car il n y a plus de conférences de presse annonçant les événements, de couvertures de spectacles, des visites dans les laboratoires de tournage de films, etc. Et ce n’est pas Fabrice Parfait SAWADOGO, directeur de publication du journal culturel en ligne Infos culture du Faso qui dira le contraire. Lui, il pense aussi que la situation actuelle affecte négativement le domaine à bien des égards. «Nous sommes très touchés à notre niveau parce que nous intervenons exclusivement dans la promotion des activités culturelles. Et comme vous le savez, le Covid-19 à contraint tous les entrepreneurs, les créateurs et autres acteurs culturels à stopper leurs activités. Et cela nous a plongé dans un Chômage technique », s’alarme-t-il. Si pour les uns la situation du Covid-19 n’est pas propice à l’exercice du métier, d’autres par contre voix en elle une opportunité. C’est le cas de Malick Saaga, patron du journal en ligne Kulture Kibaré, qui pense que c’est en cette période difficile qu’il doit avoir beaucoup d’informations à gérer dans la presse culturelle, son journal s’étant basé sur les analyses et les critiques des actions culturelles. Pour lui donc tout fonctionne normalement comme s’il n y avait pas de crise. «Qu’il s’agisse d’un événement heureux ou malheureux, il y’a toujours de l’information à recueillir, à traiter et à diffuser.

Chez nous à Kulture Kibaré, nous n’attendons pas les manifestations et autres activités culturelles pour produire un article », nous a expliqué le patron de Kulture Kibaré. Mais économiquement quel est l’impact de cette épidémie a sur le fonctionnement de ces entreprises de presse culturelle et leurs employés ? Pour Hervé, il y a des contraintes sur le plan financier car des contrats ont été déjà signés par certains festivals et certaines presses culturelles qui permettraient aux journalistes culturels de faire des communications sur ces événements. Malheureusement, tout a été suspendu. «Il n y a pas de rémunération pour la plupart de ce que les journalistes avec qui je travaille couvrent comme activité », dixit Hervé. Même son de cloche pour Fabrice qui estime que tous les secteurs qui ont un lien avec la culture sont économiquement touchés. Quant à Milick Saga, lui, le fonctionnement de son média repose sur un modèle économique qui n’est pas fondé sur la recette des couvertures médiatiques. «Nous en tant que premier média culturel d’opinion au Burkina Faso, nous avons proposé des offres à des personnes physiques ou morales. Et c’est sur cette base que nous faisons des recettes. Donc nous sommes économiquement indépendants dans notre façon à nous de fonctionner même quand il n y a pas d’événements culturels », dit-t-il.

Pour palier donc cette situation, les journalistes proposent que tous les secteurs touchés par la pandémie, notamment les entreprises de presses culturelles, soient accompagnés afin d’éviter l’effondrement de l’économie nationale. Mais avant, ceux-ci doivent continuer à suivre l’actualité sur le Covid-19. « Dès la reprise il faut trouver un rempart pour ces journalistes culturels qui sont restés plusieurs mois sans rien faire », Suggère Hervé. Il faut donc permettre à toutes ces entreprises culturelles, selon Malick, de mener leurs activités, pas en les dédommageant mais en trouvant une formule qui puisse redynamiser le secteur. Pour ne pas faire donc les choses à la hâte, « Il faut des compétences pour réfléchir sérieusement sur la situation. Et pour cela il faut balayer du revers de la main les travaux partisans et clanistes », a conclu Malick.
Abatidan Casimir NASSARA