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Interview Musique

MALKHOM (FASO KOMBAT): « Il fut un temps où écouter Faso Kombat me rappelait de mauvais souvenirs »


frère malkom

Depuis la séparation du duo Faso Kombat, David Le Combattant n’a pas perdu de temps avant de commencer une carrière solo. Son titre Nagbo cartonne d’ailleurs actuellement. Pour satisfaire la curiosité des fans du groupe, qui se demandaient où est passé Frère Malkhom, nous sommes allés à la rencontre du «maître du mic». Le mercredi 3 septembre 2015 au jardin de la Musique Reem-Doogo, le rappeur (marié et père de 2 garçons) nous a entretenu sur la fin du groupe, sa carrière et son futur album.

Que devient Malkhom après la dislocation de Faso Kombat ?

MalKhom: Malcom continue de créer. Je me prépare pour la sortie de mon premier album solo le 5 décembre prochain. Je viens de le boucler en studio. J’arrive petit à petit sans pression.

Après l’aventure de Faso Kombat qui a durée  15 ans, qu’est ce que tu retiens de ce groupe ?

Artistiquement Faso Kombat a été que du positif, car grâce à ce groupe j’ai découvert de nombreux pays d’Afrique, d’Europe et même d’Amérique. Cela a été une expérience enrichissante, car à la base je venais au Burkina Faso juste pour rendre visite à ma famille pour 1 mois. Et grâce à Faso Kombat, j’ai fait 15 ans au Burkina Faso et je suis encore là. Je suis venu d’Abidjan où je suis né. Ce qui était parti pour devenir un voyage de famille est devenu le départ d’une grande carrière. Je ne suis d’ailleurs pas près de retourner, je me sens bien chez moi. Faso Kombat, c’est une belle aventure qui s’est arrêtée à un moment donné.

Justement, pourquoi avoir mis fin à Faso Kombat?

Pour être dans le politiquement correct, nous sommes arrivés à un stade où chacun devait prendre son chemin. Rentrer dans les détails s’avère compliqué. Je dirai seulement que sur les plans artistique et humain le courant ne passait plus. Si en 15 ans on a pu surmonter des difficultés et qu’à un moment donné cela devient presque insurmontable, cela signifie que l’histoire était à sa fin. Personne d’entre nous ne voulait surmonter le problème, on voulait juste se libérer. C’est juste ce que je peux dire.

Mais peut-on au moins dire que David et Malkhom ne se regardent pas en chiens de faïence ?

La période où il y avait de la colère est passée pour moi. Aujourd’hui je peux parler de Faso Kombat toute la journée. Tu peux mettre la musique de Faso Kombat, cela ne me dérange pas. Il fut un temps où c’était difficile pour moi d’entendre la musique de Faso Kombat. Cela me rappelait de mauvais souvenirs. Pas le groupe, mais les problèmes qu’on a vécu. Cela remuait le couteau dans la plaie. Maintenant je crois qu’il n’y a plus de plaie et cela ne me dérange pas. Je ç’a été une belle expérience, une belle rencontre. Les bonnes choses ne durent pas, dit-on.

On dit de Malkhom qu’il a une maîtrise en droit et qu’il aurait pu être magistrat…

Rires… C’est avec la dislocation de Faso Kombat que j’ai compris qu’il y avait des rumeurs les plus folles à notre sujet, surtout me concernant. En réalité je n’ai même pas été à l’école. Contrairement à ce que beaucoup disent, je n’ai pas fait l’université, n’en parlons même pas du droit. J’ai juste fait l’école primaire médersa et j’ai arrêté après mon certificat d’étude primaire (CEP). Je n’ai même pas été au collège.

D’où Malcom détient alors cette grande culture générale et cette faculté à manier la langue de Molière ?

C’est le basique de la langue qu’on parle en ce moment, non ? (rires) Je pense que c’est par amour pour cette langue. C’est dans la rue à Abidjan et en écoutant beaucoup de rap français que j’ai appris à parler le français. C’est pareil pour le Hip-hop : j’écoutais beaucoup de rap français et ensuite africain. Tout mon vocabulaire vient du Hip hop en réalité et quand ça prend une certaine ampleur, tu prends quand même la peine de te cultiver davantage. C’est juste l’envie de bien faire son boulot qui me pousse à faire des recherches. Mon bref passage à la médersa m’a appris à compter et la vie m’a appris à conter (NDLR : il pouffe de rires en précisant que la phrase ne vient pas d’un auteur du 14e siècle mais de Frère Malkhom).

Mais ce n’est pas parce que tu n’es pas allé loin à l’école que tu n’écris pas toi-même tes textes, comme le prétendent certains…

C’est le minimum dans le cas africain. C’est vrai qu’en Europe et aux Etats-Unis il est courant de voir des artistes qui n’écrivent rien du tout et qui ont du succès. Dans notre contexte, tu es obligé d’écrire toi-même si tu veux faire passer tes propres idées, ta vision des choses ; il faut que cela vienne de toi. Je n’ai pas encore chanté sur le texte de quelqu’un à part dans le morceau  «Tirer» (NDLR : il figure dans son prochain album) où je cite Thomas Sankara. C’est la première fois que je cite le texte de quelqu’un dans un titre, et c’est Sankara, personnage extraordinaire.

Parlant justement de «Tirer», qui a déjà fait le buzz sur les réseaux sociaux, il a une histoire particulière, non ?

En effet, j’écrivais sur la révolution Burkinabè et dans ma tête j’avais entamé la chanson «Hommage». Je ne savais cependant pas par quel bout prendre les faits. Mais à chaque fois que je regardais les images de l’insurrection, il y avait des images qui me parlaient plus que d’autres, en l’occurrence c’elle de Romi (NDLR : un jeune insurgé) avec le tee_shirt estampillé «Tirez» qui indiquait sa poitrine comme cible ; accompagné du message : «Ma patrie ou ma mort». Cela m’a fait tiquer et je me suis inspiré de lui pour écrire le refrain. Quand j’ai fini la chanson, Je me suis dit que le jeune homme avait le droit de savoir d’où est partie cette chanson, que c’est son image qui m’a inspiré ce titre. C’est ainsi que je l’ai invité sur la chanson et c’est lui qui parle sur la fin.

Il semble que tu es dans les affaires et que tu roules carrosse aujourd’hui…

Rires… Non je ne fais pas d’affaire. Du fait de mon calme, les gens se disent que je suis assis sur de bonne base mais au fait j’ai juste confiance  au métier que je fais, à mon talent. Je me dis donc que tôt ou tard je sortirai mon album et je ferai mon chemin. C’est peut-être parce que je fais des scènes tout en n’ayant même pas d’album sur le marché qui fait que les gens pensent que ça va chez moi, ou peut-être parce que je fais du théâtre aussi. En tout cas, je ne me plains pas de la vie que j’ai.

C’est peut-être ton studio qui marche bien alors ?

Le studio à l’origine n’est pas commercial. C’est un home studio que j’ai créé à la base pour moi-même ; car l’arrangement et le son m’intéressent. C’est petit à petit que les gens ont su que j’avais un petit truck à la maison et ils ont commencé à venir.

Y a-t-il des artistes qui ont enregistré chez toi ?

Oui ! Il y a mon frangin, Hussen ; Liptako ; Bolfilas ; Bibi-Bonheur ; Banino quelques morceaux de Faso Kombat. Il y a de nombreux artistes que j’ai arrangés, aussi bien hip hop que variété, mais je ne les ai pas produits.

Un pied dans la musique et l’autre au théâtre. Comment arrives-tu à allier les deux ?

Je ne me considère pas comme ayant un pied dans le théâtre car je n’ai pas une formation d’acteur. Je ne cherche pas non plus à me former en théâtre. Je fais de la musique et c’est des metteurs en scène qui apprécient mon travail et m’invitent souvent dans leurs spectacles. Je ne me considère pas comme un vrai comédien, même si j’ai joué dans de grands festivals internationaux comme celui d’Avignon qui est l’un des plus grands en Europe un théâtre. Il y a même un comédien français qui m’a dit un jour qu’en 20 ans de carrière il n’a jamais joué à Avignon, et moi un néophyte j’y parviens. C’est la chance du débutant. Le théâtre n’est pas un métier qui me passionne comme la musique. Je ne rêve pas de faire du théâtre. Je le fais quand j’ai en l’opportunité, quand on m’invite. Je suis avant tout un artiste ouvert à d’autres domaines, ça permet d’enrichir mon œuvre.

A quoi peut s’entendre le public burkinabè pour la sortie de ton premier album solo ?

Beaucoup croyaient qu’après Faso Kombat j’ai arrêté la musique, mais ce n’est pas le cas. Vous découvrirez le nouveau Malkhom dans mon album. Ma vision du Hip Hop a toujours été africaine. C’est un cocktail des influences que j’ai reçues tout au long de ma carrière. J’ai réalisé mon rêve dans cet album, mais la grande satisfaction va venir du public car c’est lui qui a le dernier mot. C’est un album de 12 titres dont 3  feats (duo) avec respectivement Nash de la Côte d’Ivoire, Bonsa et Elji.

Source: l’ Observateur.bf  NB: le titre est de Afriyelba


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