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Musique et spiritualité : l’analyse profonde de Hadj Ismaël Bohlali


La question de la spiritualité dans la musique est aujourd’hui un sujet très récurrent. Pour en parler, nous sommes allés à la rencontre de Hadj Ismael Bohlali. Spiritualiste, conseiller et chercheur en sciences spirituelles et mystiques, medium, voyant des deux mondes (monde des morts et celui des visibles), traditionaliste, théologien, ce sont autant de casquettes que porte ce grand homme, qui sans langue de bois, est revenu sur la question.

El Hadji Ismaël Bohlali a abordé le sujet sans langue de bois.

Afriyelba : Spiritualiste, medium, voyant, théologien, etc. Autant de casquettes que vous portez. Dites-nous d’où vous les tirer ?

Bohlali : Tout ce que vous venez d’énumérer, je dirais tout simplement que c’est profond. Je tire certains de ma mère, qui était une gardienne du patriarche traditionnel royal du Wassoulou au Mali. Je tiens d’autres aussi de mon père, un érudit dans la spiritualité religieuse qui m’a bercé avant que je ne parte dans les spiritualités neutres et libres. Il fut un cheikh, un grand érudit qui m’a donné les bases et l’envie des doctrines du mystique et du spirituel. Et quand j’ai eu mon indépendance d’ouverture d’esprit et de courage d’aller chercher et découvrir, c’est là que je me suis retrouvé dans toute cette diversité, qui sans toutefois oublier que je suis jumeau de naissance. Bien que tous les jumeaux ne sont pas spirituels, nous, nous avions eu cette capacité de dons. Et quand mon second s’en est allé, je suis resté seul, et cela a encore amplifié mes savoirs ; d’où la raison de reprendre le nom Bohlali (Boh qui est mon nom et Lali, le nom de mon frère jumeau). 

 

Pour vous qui êtes spiritualiste, que doit-on entendre par le terme ‘’spirituel’’ ?

Le spirituel, c’est d’abord ce que les gens ne réfléchissent pas. Il est d’abord par sa caverne Dieu. C’est comme si on dit dans un Etat, il y a une personne suprême (le Président) qui régit sur les autres facteurs. Cela dit, le premier facteur du spirituel, c’est Dieu. Dieu pas dans le sens de l’être, mais de la majorité de l’être et de l’existence. Toutes les religions, tirent leurs cavernes dans la spiritualité. Il en est ainsi pour les traditions, les dogmes, les rites sacrés initiatiques, etc. Et le spirituel va au-delà de tout cela. Le spirituel, c’est l‘air que nous respirons, c’est la parole qui sort de nous, c’est le sommeil qui nous permet de « mourir » et de nous réveiller. Et tout cela, c’est Dieu ; Dieu par excellence, nous donne un facteur d’existence de pouvoir le magnifier. Et pour paraphraser, je dirais que la spiritualité est comme un premier et un dernier moteur nucléaire réacteur. Ce n’est donc pas un monopole de quiconque, mais plutôt un mieux-être de reconnaître la diversité divine dans l’univers sacré. 

 

Qui peut être spirituel ?

Tout le monde nait spirituel en ce sens que chacun de nous a une faculté de d’intelligence, d’analyse, de respirer. Tout cela fait partie de la spiritualité. Mais il faut savoir et avoir la capacité de le développer.

 

Pour en venir au sujet tant attendu, que pensez-vous de la musique, en tant que spiritualiste ?

La musique, c’est le vecteur de l’âme. Les âmes des anges se nourrissent de mélodies. Et Dieu aime ce qui est beau, ce qui est joli et ce qui est de la bonne sonorisation. C’est pourquoi vous verrez dans toutes les religions qu’il y a une séance ou une partie d’adoration par la musique, le chant, donc par les mélodies. Dieu par ancestralité, la mélodie est le vecteur apaisant de l’âme. L’âme sans mélodie, ça ne peut pas aller. Et vice versa. C’est pourquoi quand on dit que l’âme ne meurt pas, on ne se demande pas à savoir qu’est-ce qui nourrit l’âme. L’âme traverse le temps avec les mélodies. Les mélodies comme les chants des oiseaux, les chants des existences invisibles, etc. cela dit la musique si elle n’existait pas, il aurait fallu la créer parce qu’elle est la rémunération de l’être dans son existence vivante. 

 

Justement, comment peut-on expliquer que dans certaines religions, il est souvent déconseillé d’écouter ou de pratiquer la musique ?

 

Loin de moi l’idée de porter un jugement mais plutôt donner un aperçu. Aucune religion ne peut interdire la musique car, comme je l’ai dit, les sonorités sont dans l’esprit et dans l’âme. Quand on prend par exemple le coran, on a la « Tajuid » qui se définit comme la bonne lecture ou diction du coran. Et quand on dit que Dieu aime la bonne sonorisation, et que quand tu lis le coran d’une belle manière, tu fais descendre les anges chez toi. Je pense que le paradoxe peut être aussi que derrière cela on dise que la musique ne devrait pas exister dans certaines religions. Quand le prophète Mohamed faisait son entrée dans la ville de la Mecque après la guerre de Médine, il a été accueilli par un groupe de « chorale » qu’on appelle en langue islamique « El nachid ». Ce sont des chants spirituels, des chants d’éloquence et de louange. Je pense humblement que faire de la religion sans avoir connaissance d’un certain nombre de ses dogmes, ça devient difficile. Pour aller plus loin, la religion c’est une spiritualité qui permet à l’être de transcender une certaine dimension et de s’exprimer devant Dieu. Et s’exprimer devant Dieu réunit beaucoup de facteurs. La seule appréciation d’un certain petit groupe de personnes ne doit pas conjuguer l’avis de toute une religion. Une religion, on cherche à la découvrir jusqu’au dernier de ses temps de jour. La musique est donc sacrée en ce sens qu’elle est celle-là qui donne l’espoir de vie, qui favorise l’appréhension de ce qui est méconnue. Par exemple, lorsque vous écoutez certaines chansons, vous revivez. D’ailleurs, il y a la guérison par la musique, même si ce sont des pratiques qui sont parfois méconnues chez nous. Des gens atteints d’une certaine dimension de troubles ont pu recouvrir la santé, la quiétude, l’orientation de leurs sens grâce à des mélodies. Pour information, nous avons plus de 5000 milliards de câbles dans notre cerveau. Dans le cerveau, il y a également des fibres de mélodies, et ce sont elles qui, extérieurement, nous permettent de découvrir la sonorité dans la bonté, la tranquillité et la quiétude. Même les paroles sont des mélodies, et il faut savoir donc les composer pour se faire entendre. La musique a, de ce fait, un sens vital, spirituel inévitable pour émerger l’être humain dans une autre dimension.

 

Qu’en est-il donc des artistes à succès qui sont souvent pointés du doigt de pratiques sataniques ?

La question du satanisme dans le secteur de la musique ne date pas d’hier. Et tout ce qui se dit n’est pas forcement vrai, mais parfois il y a des réalités. Maintenant le terme ‘’satanique’’, comment les gens le comprennent et comment nous le comprenons spirituellement, c’est cela qui fait la différence. Il y a par exemple des chanteurs qui ont cette capacité de transcender le temps, de transcender l’invisible, d’ouvrir la terre, les cieux, les rivières, la mer et éteindre le feu, tout simplement parce que la mélodie qui vient est forte. Cependant, il y a aussi les choses du monde invisible qui incarnent certains chanteurs. Ce n’est pas forcement maléfique. Sinon, il y a ceux qui vont chercher au-delà de leur capacité. Quand nous prenons la tombe du reggaeman, Bob Marley, il y a des artistes qui y effectuent des pèlerinages afin d’avoir l’inspiration intrinsèque de cet artiste. Il en est de même pour d’autres icônes comme Mickael Jackson, etc. Et il faut comprendre tout simplement que ces endroits-là ont des gardiens esprits. Ces tombent sont habités par des esprits invisibles. Maintenant si certains d’entre eux sont maléfiques parce qu’ils ont une accointance avec l’artiste, ça je ne pourrais en disconvenir. Retenons seulement que tout n’est pas forcement maléfique, et qu’il y a souvent la recherche de la mélodie dans le monde visible et invisible. Cela dit, la mystique joue beaucoup. Tu peux peut-être sortir beaucoup de chansons, et seulement une seule fera de ta carrière un succès. Enormément d’artistes cherchent la révérence mais ne vont pas malheureusement vers le spirituel. Pourtant, la musique elle-même est spirituelle. Des instruments de musique comme la flûte, la kora, le balafon et même les sopranos jouent avec le monde invisible. La musique est présente dans tous les compartiments de la vie de l’être humain. L’être humain est composé d’atomes et de vibrations mélodieuses. C’est cela qui fait que nous sommes parfois positifs, parfois négatifs. 

 

Partant de-là, est-ce possible de réussir dans la musique en comptant uniquement sur son talent, sans tenir compte de l‘aspect spirituel ?

Là-dessus, il faut savoir que la réussite est relative. Il y a des artistes qui viennent dans la musique, pas pour chercher de l’argent. Ils viennent pour s’adresser au monde invisible, à un type de personnes. Il y en a qui viennent pour s’ouvrir des portes, d’autres même pour être initiés. Il y en a qui sont appelés, d’autres sont envoyés pour donner un message à un groupe de personnes bien défini. Il y a ceux-là qui viennent effectivement pour de l’argent, mais si tel est le cas, on n’a pas forcément besoin de venir dans la musique. Par ailleurs, beaucoup y viennent pour de l’argent, mais ne sont pas nourris spirituellement afin que la musique leur ouvre la voie vers l’argent.

 

Dans ce cas, quel conseil, spirituellement parlant, donneriez-vous aux artistes qui aspirent à une grande carrière ?

Il faut qu’un artiste soit spirituellement nourri pour réussir. Et ça, je tiens à insister là-dessus. Il y a un certain nombre de pays en Afrique de l’Ouest qui pensent que la musique est seulement un travail à caractère scientifique qui se limite au studio, belle voix et chant. Ils doivent se rendre à l’évidence que la musique est spirituelle. Quand vous chantez, vous réveillez des sensations, des décibels, vous donnez des mélodies qui distillent de l’espoir, qui soignent, etc. C’est donc important que cela se sache. 

 

Si vous devez résumer la relation Musique et Spiritualité, que diriez-vous ?

De façon simple, je dirais que musique et spiritualité sont deux générateurs. C’est-à-dire le père et la mère, et l’artiste est l’enfant. C’est pourquoi, la spiritualité de la musique est essentielle pour un artiste de devenir un bon chanteur. Un chanteur qui ne médite pas, c’est difficile. Il y a la transe dans la chanson, et cela signifie aller au-delà pour s’inspirer. Pour preuve, il y a de ces artistes qui ont des rêves prémonitoires pour avoir de l’inspiration car ils sont à un moment coptés par un certain nombre de positivités de l’univers, de la nature. Ne devient pas chanteur qui veut. On peut peut-être l’être, mais une chose est sûre : les chanteurs sont choisis. Et quand on est dans une telle dimension, il faut nécessairement avoir un minimum de savoir spirituel et traditionnel, d’un dogme et une orientation de l’âme et de l’esprit dans une bivalence de voyage pour être ce qu’on est. Un chanteur qui n’est donc pas spirituel, c’est difficile, mais je ne dis pas que tous les chanteurs sortent du monde spirituel. Spirituel n’est pas forcement la religiosité, mais c’est l’intrinsèque conscience qu’on a d’être habité par un Dieu, qui est le suprême et qui nous permet de mieux comprendre et de mieux voyager.  

 

Nous sommes pratiquement à la fin de notre entretien. Quel est votre mot de fin ?

Je suis aujourd’hui celui-là même qui fait la chronique sur les medias au Burkina Faso, et aussi au-delà des frontières à travers Facebook et Tik Tok. Mais aujourd’hui, je suis un peu meurtri car mes images et vidéos sont utilisées par des gens pour diffamer, des faux numéros sont donnés pour arnaquer les gens. Comme je suis guide spirituel et mystique, pratiquant de la médecine spirituelle et mystique, des personnes malveillantes ayant l’envie du gain facile, utilisent cela pour extorquer d’autres personnes. C’est pourquoi je profite pour dire aux gens d’être prudents. Et merci infiniment pour cette lucarne. 

 

Interview réalisée par Wend Kouni

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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