Les autorités marocaines maintiennent leur demande de report de la Coupe d’Afrique des nations prévue pour débuter le 17 janvier 2015 au Maroc. Elles restent inflexibles face à la Confédération africaine, par peur du virus Ebola. Si la décision des autorités marocaines est motivée par le souci de protéger la population, il n’en demeure pas moins qu’elle ne sera pas sans conséquence pour la CAF qui pourrait faire payer cette décision au Maroc. En effet, le football marocain pourrait être suspendu pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Côté finances, la CAF infligera sans doute une amende et réclamera surtout la réparation de tous les préjudices moraux et financiers causés par ce désistement. Les autorités marocaines qui ont sans doute mis sur la balance l’argent que pourrait générer l’organisation d’une aussi grande manifestation qu’est la CAN, et la santé de la population, ont plutôt opté pour la protection de leurs concitoyens, face aux risques sérieux de propagation de la pandémie mortelle Ebola.
S’il faut se féliciter de cette préoccupation légitime du Maroc, on peut toutefois relever quelques incohérences dans l’attitude de ce pays.
Le Nigeria se propose pour l’organisation du rendez-vous footballistique
En effet, le Royaume chérifien à décidé d’accueillir du 10 au 20 décembre prochain, les plus grandes stars de la planète football, à l’occasion de la coupe du monde des clubs de la FIFA. Sept équipes du monde entier dont le Real de Madrid de Christiano Ronaldo se rencontreront à Rabat et Marrakech. Cette compétition qui se joue pratiquement à la même période que la prochaine CAN, pourrait susciter de vives polémiques sur le continent. Pour certains, la Coupe d’Afrique des nations génère peu de tourisme, contrairement à un championnat d’Europe ou une coupe du monde. En tout cas, on se demande comment la CAF va réagir face à la demande marocaine. Le président Issa Hayatou qui semble avoir sous-estimé la menace Ebola, est déterminé à organiser « sa CAN». Pour lui, accéder à la demande du Maroc serait un aveu d’impuissance. Aussi, annuler la CAN est l’option la moins probable, tant la CAF vit des retombées financières de la Coupe d’Afrique. Trouver un ou deux autres pays hôtes sera difficile à l’état actuel de la situation, tant les Etats volontaires et capables d’accueillir le tournoi dans deux mois ne sont pas légion. Reste maintenant à savoir ce que va faire la CAF. Lors de la première journée des éliminatoires, l’instance dirigeante du football africain était restée ferme vis-à-vis du gouvernement ivoirien qui refusait au départ d’accueillir la Sierra Leone pour son match contre les Eléphants. La Côte d’Ivoire a bien sûr fini par lâcher prise devant l’insistance de la CAF. Assistera–t-on au même scénario ? Rendez-vous le mercredi prochain au Caire, où les dirigeants de la CAF se réuniront pour décider de la suite à donner. En attendant, le Nigeria se propose déjà pour l’organisation de ce rendez-vous footballistique. Une décision curieuse, venant d’un pays qui a frôlé le pire, en termes de dégâts d’Ebola. Le Nigeria veut-il user de tous les moyens pour être présent à la CAN ?
On sait que si l’organisation lui était confiée, il figurerait d’office sur la liste des pays participants à cette CAN. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? En tout cas, pour Rabat, les choses sont claires : mieux vaut avoir affaire à la CAF qu’à Ebola.
Le Pays