Après Fada N’Gourma, ce 5 décembre, le ministère de la Culture des Arts et du tourisme et son partenaire le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) ont poursuivie avec leur bâton de pèlerinage, ce 6 décembre, à Tenkodogo, dans la région du Centre-Est, la ville qui accueille les festivités de la fête de l’indépendance du Burkina Faso. Objectif, porter à la connaissance des forces vives de cette région, comme ça été déjà le cas dans d’autres régions, les résultats du colloque national sur l’extrémisme violent et les valeurs de référence. Les conférenciers du jour , le ministre Abdoul Karim Sango himself, président de la présente conférence, Ismael Diallo, modérateur et ex-ambassadeur, Lucien Zouré, directeur régional de l’éducation, Ousmane Gjiguemdé, conseiller technique du ministère de la culture, ont échangé avec les forces vives de cette région composées de coutumiers, de religieux, d ‘enseignants, d ‘élèves et d’étudiants.

Comme dans les autres régions , cette conférence à Tenkodogo dans le Centre-Est, avait pour objectif de présenter les stratégies de la feuille de route issue du colloque national sur l’extrémisme violent et les valeurs de référence tenu à Dori en 2018. Les échanges ont portés donc essentiellement sur le rôle que la culture peut jouer afin de vaincre l’extrémisme violent notamment le terrorisme. Car selon les conférenciers, la gestion de la situation sécuritaire ne doit pas être seulement une affaire de militaire. C’est pourquoi la culture s’y invite. Pour Abdoul Karim Sango, l’identification d’un individu se fait, en principe, par rapport aux valeurs sociétales de la communauté à laquelle appartient ce dernier. « On n’est pas Burkinabè parce qu’on est né de père et de mère Burkinabè. On l’est parce qu’on incarne les valeurs du Burkina Faso« , a-t-il précisé.

C’est pourquoi il estime qu’il faut « retourner aux fondamentaux », la seule chose qui va permettre à l’Afrique d’être important dans le monde. Aussi le juriste de formation, à fait noter que le droit fondamental moderne est incompatible avec nos sociétés. C’est pourquoi, a-t-il dit, chez un enfant qui devient délinquant, la société à une part de responsabilité. Avant, c’est Lucien Zouré, directeur régional de l’éducation qui a présenté les valeurs culturelles locales de la région du Centre-Est. Dans sa présentation il est revenu sur les trois langues parlées par huit peuples dans cette région. Les valeurs en temps de paix et celle en temps de guerre sont aussi passées sous la loupe de monsieur Zouré.

A cet effet il a fait savoir que « les coutumiers sont des personnes qui drainent un certain nombre de valeurs qu’il faut partager avec la société et cela pourra impacter sur la lutte contre le terrorisme ». Répondant à un intervenant qui a voulu savoir « comment on peut cultiver le patriotisme dans un contexte politique aussi délétère », monsieur Zouré a fait savoir que la culture du patriotisme se fait par la culture de l’esprit de veille permanente dans le but de défendre la patrie. Un autre participant, monsieur Simboré a voulu savoir « comment on peut vaincre l’extrémisme violent ? Le ministre l’a fait savoir que « notre monde est malade parce que les gens ont arrêté de réfléchir ». « Le gens disent la vérité seulement quand il y a un problème. Mais ils ne disent jamais la vérité pour empêcher une situation de se produire », a regretté le ministre Sango.

Pour cet ancien Directeur général des eaux et forêt, le Colonel Léonard Zouré, l’administration s’est toujours servi de la chefferie traditionnelle mais cette dernière ne s’est jamais servie de l’administration. Et nombreux sont ces leaders coutumiers et religieux qui ont raté leur premier rôle. Et l’on doit travailler à restaurer ces images longtemps convoitées. « On a usé tellement de la chefferie qu’on lui a enlevé son essence. Donc au niveau du gouvernement et des hommes politiques, prenons la sagesse de rétablir les chefs là où ils devraient être », a-t-il plaidé. Par ailleurs il a estimé que cette conférence doit être diffusée dans les langues locales afin de pouvoir toucher le maximum de personnes possibles. Mais en attendant de poursuivre cette campagne de sensibilisation dans d autres régions du Burkina, en 2020, le ministre a demandé aux participants de continuer à « prêcher la bonne nouvelle » partout dans la cité de « Zoungrantenga » afin de venir à bout de ce cancer qui ronge la paix dans le pays des hommes intègres.
Abatidan Casimir NASSARA