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Sanction pour corruption présumée d’un arbitre : « Il n’y a aucun doute que Sita est derrière ça » dixit Colonel Yacouba Ouédraogo


Ancien ministre des Sports et des Loisirs, fondateur et président du centre de formation en football SALITAS, le colonel Yacouba Ouédraogo a été récemment suspendu pour un an de toute activité liée au sport roi et  astreint au paiement d’une amende d’un million de francs CFA par la commission de discipline de la Fédération burkinabè de football (FBF). Yac, comme on l’appelle, est accusé d’avoir tenté de corrompre un arbitre, Ali Kéré, en lui envoyant par transfert électronique la somme de 20 000F en décembre 2016. Dans cette interview qu’il nous a accordée le 25 juillet dernier, le mis en cause se défend d’être à l’origine d’une quelconque tentative de corruption et affirme que derrière cette sanction, il y a la main de son « petit frère » Sita Sangaré, le président de la FBF, avec qui il n’est plus en bons termes.

 Comment avez-vous accueilli  la sanction qui vous frappe ?

 C’est une sanction qui m’a beaucoup surpris, car j’ignorais vraiment le motif de cette décision.  C’est lorsque j’ai été entendu que j’ai compris que c’était en raison de l’envoi de 20 000 F au parent d’un de mes dirigeants que j’ai été convoqué.

Dans quelles circonstances exactes avez-vous envoyé les 20 000 F à l’arbitre ?

 Pour tout vous dire, lors des fêtes de fin d’année, j’ai l’habitude d’élaborer une liste d’amis à qui j’envoie de l’argent selon mes moyens. Que tu sois sportif, artiste ou jeune commerçant, je t’envoie quelque chose à la veille des fêtes. A la demande d’un de mes dirigeants, j’ai donc envoyé 20 000 F à un de ses parents à Tenkodogo via Airtel money, qui est devenu Orange money. C’est en cela que la fédération a trouvé à redire alors que c’était dans un cadre strictement privé. C’était un 31 décembre, il n’y avait pas de championnat. Et jusqu’à aujourd’hui, cet arbitre n’a jamais officié à un match de SALITAS. Je ne vois  donc pas comment  on pourrait corrompre quelqu’un qui n’a pas arbitré un match.

Nous avons  déjà fait appel de la sanction et entendons réagir au niveau du Tribunal arbitral du sport au cas où nous n’aurions pas gain de cause.

Quand le dirigeant vous a demandé d’envoyer de l’argent à son parent, saviez-vous qu’il était arbitre ?

 Je savais qu’il  était arbitre. Mais j’avais toute une liste d’artistes, de commerçants et c’est quand il m’a donné le nom que je lui ai demandé sa fonction. Il m’a alors dit qu’il était arbitre.  En fait, il a donné deux ou trois noms, dont ce dernier. Mais honnêtement je n’y ai vu aucun inconvénient parce que pour moi, ce n’est pas dans le cadre du sport qu’on lui  a envoyé cette modique somme.

Chose bizarre, ça s’est passé en décembre et c’est six mois après, soit en juin, qu’on ressort ça. Donc cette accusation m’a beaucoup surpris. Lorsque j’ai été convoqué, j’ai  voulu comprendre avec l’arbitre en question. Il m’a dit qu’il est parti voir le président de la fédération et le président de la commission des arbitres pour leur dire qu’il y a un dirigeant de Fada N’Gourma, Barthélemy Thiombiano, qui est venu le contacter pour lui dire que le président de la fédération a promis de le programmer lors des matches de Fada afin qu’il aide Fada à monter en D1. Mais le président de la fédé a affirmé que lui n’a jamais dit ça. Et l’arbitre a aussi signalé que  le colonel Yac lui a envoyé 20 000 F pour la fête. C’est alors que le président de la fédération et le président de la commission des arbitres lui  ont dit de garder le message et qu’ils verraient ça après. Je suis surpris que ce soit mon seul cas qui ressorte alors que le cas même qui les concerne, on n’en parle pas.

 Il n’a pas arbitré un de vos matches mais il a peut-être arbitré des rencontres de vos concurrents directs pour la montée en première division.

 Ça c’est possible. Mais  comme je vous l’ai dit, c’est en tant que Ouédraogo Yacouba que je lui ai envoyé l’argent mais pas en tant que président de SALITAS. Je crois que  même si on parle de corruption, ça devrait intéresser mon équipe. Je ne me préoccupe pas des autres. Et je pense que ce n’est pas avec 20 000 F qu’on peut corrompre un arbitre. Si j’avais vraiment voulu le corrompre, je crois qu’il n’aurait rien eu à redire.

Justement, est-ce que l’arbitre en question a restitué les 20 000 F ?

 Ils me disent qu’ils ont renvoyé les 20 000 F mais jusqu’aujourd’hui, je ne les ai pas reçus. Et je pense qu’à l’issue de ça, je vais réclamer mes 20 000 F à l’arbitre.

Certains voient en cette sanction une guerre entre colonels, en l’occurrence Yac et Sita Sangaré, le président de la FBF, par ailleurs président du Tribunal militaire.

 C’est l’interprétation qu’en font les uns et  les autres.  Je ne peux pas empêcher les gens de penser ce qu’ils veulent. Mais ce que je peux dire, c’est que je suis quand même étonné du comportement de mon « petit frère ».

Vous pensez donc  que le président de la fédération a influencé cette décision ?

 Il n’y a aucun doute. On ne peut pas dissocier la commission de discipline de la fédération : soit il dirige la fédération, soit il ne la dirige pas.

Pour quelles raisons Sita Sangaré, votre « petit frère » comme vous l’appelez, voudrait-il vous créer des ennuis ?

 C’est la question que je me pose. Mais ce qui est sûr, c’est qu’au lendemain de l’insurrection, il m’a tourné le dos. Je me demande  ce qui s’est passé.

 Est-ce que vous avez essayé de le rencontrer pour en  discuter?

 Vous savez qu’avec la situation que nous vivons aujourd’hui, on se cache à la limite. Les hommes forts, on n’a même pas intérêt à les affronter (Ndlr : en liberté provisoire, Yac est accusé d’avoir trempé dans le coup d’Etat du général Diendéré).

Au fait, comment se porte votre centre, SALITAS, avec les problèmes judiciaires de son président ?

 Le club s’est toujours bien porté depuis sa création. Cette année, on a été premier du championnat de D2  et on monte en D1. Contrairement à des équipes de D1, on a eu des joueurs qui ont été appelés en équipe nationale.

Nous essayons de ne pas mélanger les problèmes mais nous dépendons de la fédération. Nous savons que sur le plan sportif, ils ont intérêt à travailler avec SALITAS pour le bonheur du football burkinabè. C’est dire que nous n’avons pas besoin de corrompre un arbitre. C’est un mauvais procès qu’on  nous fait et je voudrais présenter mes excuses au président de la fédération s’il trouve que je lui ai fait quelque chose. Je pense que ça ne vaut pas le coup, pour 20 000 F, de ternir mon image.

Lui-même me connaît. On a  constitué un tandem de 2012 à 2014 qui a marché. Lui-même sait comment on a fait pour arriver en finale de la Coupe d’Afrique des nations. Donc ce n’est pas aujourd’hui, alors que je suis dans le creux de la vague, qu’il doit chercher à m’éliminer. Qu’il soit fair-play. Si réellement il me reproche quelque chose, c’est un petit frère et je lui demande vraiment pardon.

 SALITAS, c’est avant tout une pépinière. Avez-vous déjà placé des joueurs à l’étranger ?

 Nous avons un de nos joueurs qui a signé à FC Malines en D1 belge et six ou sept autres qui sont en test  actuellement en Belgique, au Portugal et en France.

Si ce n’est pas un secret, combien coûte la gestion d’un centre comme SALITAS ?

 Par mois,  ça va chercher dans les six millions.

Ce sera l’apprentissage de l’élite du football burkinabè pour SALITAS la saison prochaine. Quelles sont vos ambitions ?

 Nous attendons de voir. Ce qui est sûr, moi je suis un sportif et comme les uns et les autres aiment à le dire quand ils montent en D1,  c’est d’abord pour chercher le maintien. Mais nous sommes ambitieux et nous visons aussi haut.

Lobservateur.bf


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