La 18è édition de la semaine nationale de la culture (SNC) s’est ouverte le 26 mars 2016 à Bobo-Dioulasso. C’est dans un contexte socio-footballistique précaire qu’elle a été lancée au stade Sangoulé Lamizana devant une poignée de spectateurs passionnés de la culture.
Depuis 33 ans que cette manifestation existe, elle n’aura jamais été aussi d’actualité que maintenant. Pour la simple raison que la cohésion sociale est de plus en plus recherchée par toutes les nations au regard de la recrudescence du terrorisme dans le monde et les tensions sociales. Pourtant l’ouverture de la SNC aura été assez terne. Une cérémonie modeste qui n’a véritablement pas reflété l’immense bagage culturel que possède ce Pays des Hommes intègres. En empruntant les mots du Premier Ministre (PM) Paul Kaba Thieba qui a répondu à la question sur l’absence d’un village des artistes pour justifier quelques manquements dans l’organisation : «Nous venons à peine d’être mis en place et nous constatons malheureusement que tout est prioritaire… ». Effectivement tout est nouveau dans ce gouvernement. Le protocole est assez jeune et découvre les réalités, en témoigne le quiproquo qui s’est passé pendant le gong de lancement de cette 18ème édition.
Ce protocole a eu du fil à retordre avec les journalistes à telle enseigne que le scénario qui était prévu après les 3 gongs de tambour n’a pas eu lieu. De sources concordantes il semblerait que le PM et le MCAT (Ministre de la culture des arts et du tourisme) devaient esquisser quelques pas de danse au milieu d’une haie d’honneur. Chose qui n’a pas eu lieu car le protocole et les médias n’ont pas su accorder leur violon. Pendant que la cérémonie bâtait son plein, les premiers responsables étaient au four et au moulin et parfois hors du stade pour des interviews. La tribune officielle n’a pas été occupée pendant toute la cérémonie. La «jeunesse» de ce gouvernement se fait de plus en plus ressentir. Certaines failles sont constatées dans tous les secteurs. Les ministres pour la plupart sont confondus au protocole ou au SG. Ils reflètent certes la nouvelle génération entreprenante mais l’efficacité et le charisme ne sont pas de mise. Autre constat, c’est la tenue vestimentaire de la sécurité du PM : Tous sont vêtus d’un smoking bon chic bon genre de couleur beige hautement griffé et taillé sur mesure.
Le spectacle, abonné absent
Côté spectacle, rien à se mettre sous la dent ! Pis encore, la parade équestre a accouché d’une souris. Quand on imagine la légende qui entoure le cheval au Faso, on ne s’attendait pas à ce genre de spectacle. Tout compte fait, les Dozos, les artistes musiciens, les troupes traditionnelles et les masques de la région ont grandement joué leur partition. Saluons au passage l’immense talent d’orateur et de présentateur d’évènements qu’est Big Ben. Côté thématique : «Culture et cohésion sociale» la 18ème édition de la SNC s’annonce conviviale. Une sorte de nouvel élan et de nouvelles perspectives. En s’appesantissant sur les déclarations du PM concernant le traitement de nos artistes » Il est assez paradoxal que les acteurs culturels se réunissent chaque 2 ans à Bobo-Dioulasso pour magnifier nos artistes toutes tendances confondues et ces derniers dorment à la belle étoile dans la cour des salles de classe. Pendant que le comité d’organisation et les invités sont logés dans des hôtels de luxe ».
«Nous venons à peine d’être installé et nous constatons malheureusement que tout est prioritaire…c’est un problème que le ministre de la culture des arts et du tourisme a posé et je le regarderai avec beaucoup d’attention. Dans ce pays, comme je le dis, tout est prioritaire ! L’état dans lequel on nous a confié les responsabilités de ce pays, ne nous permettent pas financièrement de tout satisfaire. On essaye de faire ce qui est possible. Mais on tiendra compte de cette doléance et dans les prochains mois ou les échéances prochaines on fera quelque chose. C’est une promesse que je vous fais» foi du Premier Ministre Paul Kaba Thieba.
Un Budget relatif à la culture
Pour un budget prévisionnel de 735 millions où la contribution de l’Etat s’élève à 525 millions et l’appui des partenaires et sponsors à 210 millions, on peut s’attendre à une 18è édition mitigée. En termes d’innovations de cette SNC, le slam sera suivi avec beaucoup d’intérêt lors de cette édition. Les primes ont été rehaussées pour les compétitions des GPANAL (Grand prix national des arts et des lettres) où 1200 artistes mettront leur talent à contribution.
Les concerts ou autre festivals culturels n’ont pas encore atteint la dimension du stade qui a été construit pour les sportifs et non les artistes. Des espaces devraient être aménagés pour de tels évènements et non à chaque fois, aller au stade. L’ouverture ou la clôture du FESPACO de la SNC ou autre manifestations n’ont jamais été attractifs dans les stades. Public réduit, la régie approximative, lourdeur dans la programmation, spectacle excentré et éloigné pour le spectateur… Pourtant, si cela se passait dans des salles huppées la mobilisation et l’engouement y seront de mise.
Jabbar
