Les forgerons ivoiriens conviés à la 9e édition du festival Wedbindé ont allumé leur haut fourneau appelé « Fanni » en langue senoufo dans la matinée de ce vendredi 30 novembre 2018 sur la place du forgeron au secteur 6 de Kaya. C’était un moment de rappel du riche patrimoine technique de nos ancêtres et de culte sacré. Un fourneau qui, une fois allumé, extrait le fer après 24h.
Le haut fourneau baptise « Fanni » et la forge appelée « Timogo » en senoufo sont originaires de la Côte d’Ivoire plus précisément de Koni un village de Korogho dans le nord de la Côte. Dans cette partie du pays de Houphouët Boigny les techniques et rites du métier de forgeron sont transmis de père en fils, selon les explications de Boureima Soro forgeron de ladite localité. Pour réduire le minerai de fer avec son fourneau, Boureima Soro écrase d’abord le minerai brut et le lave afin de dissocier la latérite du fer. Ensuite la matière obtenue après le lavage est transformée en boules avec la main. Il nous a confié que pour être convaincu que le produit obtenu après le lavage est bien du fer, le forgeron prend un peu de sable avec sa langue et goute la matière en question.

Les boules ainsi formées sont mises dans le fourneau après leur séchage par vague de trois. Dans le processus de placement des boules dans le fourneau, une première couche composée de 180 boules est d’abord posée sur la braise. Après cette première vague, le forgeron attend 20 minutes avant de mettre du charbon et rajouter du même coup la deuxième couche de boules qui est de 200 boules. Après 20 minutes encore le même processus recommence mais cette fois ci avec 20 boules. Au total le « Fanni » ou fourneau senoufo peut contenir 400 boules de fer. En effet Sa profondeur atteint 20 à 25 m. Une fois toutes les boules introduites, Boureima Soro place six tuyaux, faits à base d’argile et de pailles, tout autour du fourneau.

Ces tuyaux sont maintenus en équilibre avec de la terre bien malaxée. Mais avant même d’introduire les boules dans le fourneau, le forgeron offre un poulet noir en sacrifice au Dieu des forgerons ; afin que le processus de la réduction du fer se passe sans incident malheureux. Le sang du poulet égorgé auprès de la forge est versé sur le Dieu des forgerons qui est représenté sur la même forge. Selon la conception des forgerons de la Cöte d’Ivoire, le fourneau peut fonctionner tous les jours sauf le lundi, parce que ce jour est considéré comme non propice au travail du fer, à en croire Boureima Soro.

Sougrinoma Ismaël GANSORE