Attendu comme le messie par les fans, attendu au tournant par les autres. Le dernier album de Johnny Hallyday a enfin livré sa vérité ce vendredi 19 octobre à minuit. Affublé d’un intitulé qui siérait mieux à un disque de variétés françaises qu’à un pur album de rock’n’roll, il tient pourtant toutes ses promesses dès la première écoute.

L’ouverture se fait sur J’en parlerai au diable un mid tempo porté par un texte grave où l’on se rend compte que la voix du chanteur, claire et profonde comme à ses plus grandes heures, va nous porter très haut. S’en suivent deux titres rock’n’roll. Du Johnny comme on l’aime, simple, pur, efficace. Impossible de ne pas taper du pied sur Mon pays c’est l’amour, agrémenté d’un sympathique solo de saxo. Avec Made In Rock’n’Roll, les fans ne seront pas dépaysés. C’est un peu un mix de Summertime Blues (La fille de l’été dernier) et Cours plus vite Charlie, avec une production plus moderne.

Son ultime cadeau à Laeticia : le plus beau morceau de l’album

La pièce maîtresse de cet album est sans doute Pardonne-moi, créé pour Laeticia et sur lequel Johnny chante avec sa puissance habituelle mais avec encore plus de cœur. Quatre minutes poignantes, débordantes de sensibilité sur fond d’orchestration riche. Un pur joyau dont on a du mal à se remettre et qui, paradoxalement, contribue à mettre en lumière les faiblesses de l’album. Car après un Interlude instrumental tout à fait dispensable, viennent les morceaux les plus faibles. 4m2 est un blues moyen, avec des paroles et une ligne de chant qui collent mal à la musique. Back In L.A. et ses chœurs de type rock FM américain (genre Bon Jovi) semblent avoir été composés essentiellement pour la scène (et on ne l’entendra, hélas, jamais en live). L’Amérique de William, aux accents country, Un enfant du siècle dont le refrain accroche bien ainsi que Tomber encore, dans le genre rock moyen, sont bons mais ne marquent pas vraiment les esprits. Et l’album se termine sur Je ne suis qu’un homme, un peu comme une B.O. de film, très arrangé, orchestré à l’outrance mais qui met en avant le côté emphatique qui a toujours réussi à l’idole.

Toute la musique qu’on aime ?

Au final, on n’est pas sûr que Mon pays c’est l’amour contienne un tube incontournable, et il semble évident que plusieurs morceaux ont été composés dans l’optique d’être joués sur scène. Par conséquent ne vous attendez pas à entendre du Johnny branché, ou élitiste. Souvenez-vous qu’il n’a jamais chanté pour les critiques mais pour son public. Cette proximité, on la retrouve tout au long de l’album qui n’a rien d’un testament larmoyant. Parfois fort et émouvant, inégal par moments, il reste par sa nature un évènement. Johnny nous avait promis qu’il n’y aurait « jamais des adieux, rien que des au revoir ». Cet au revoir qui lui ressemble fera le bonheur de tous les fans.

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