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Contrefaçon du « Koko Dunda »: « Les chinois n’ont rien à avoir » dixit Bazem’se


Autrefois considéré comme un pagne réservé aux couches défavorisées de la société, le Koko Donda qui signifie «  à l’entrée de Koko, un quartier populaire de Bobo Dioulasso, ou koko se débrouille » en langue Bambara, est de plus en plus prisé par les différentes classes sociales au Burkina Faso. La preuve est que même le premier des Burkinabés, Roch Marc Christian Kabore s’habille avec ce pagne originel de la région des Hauts Bassins. Le moins que l’on puisse dire est que cette appropriation de plus en plus remarquable du Koko Donda n’est pas le fruit du hasard. Il est le résultat d’un travail de recherche et de créativité qui a été mené par un des stylistes de renom du pays des hommes intègres, en la personne de Sébastien Bazemo alias Bazem’Se.  Ce dernier a donné un véritable coup de pouce à la valorisation dudit pagne, depuis la présentation officielle de sa collection « Koko » en avril 2016. De ce fait, Afriyelba est allé à sa rencontre ce lundi 22 janvier pour renseigner d’avantage ses lecteurs sur le Koko Donda et recueillir du même coup les avis du styliste sur la contrefaçon que subi le pagne original. Lisez plutôt.

Afriyelba : Racontez nous votre histoire avec le Koko Dunda

BazemSe : Avant de répondre à votre question permettez moi d’adresser mes salutations et mes encouragements à l’équipe de Afriyelba qui se bat nuit et jour pour la promotion de la culture au Burkina Faso. Alors entre le Koko Dunda et moi, il existe un esprit de créativité. Je pense que c’est cet esprit de créativité qui m’a poussé à aller vers ce pagne. Comme je l’ai toujours dit, tout créateur fait toujours des recherches, cherche à impacter. Le Koko Donda c’était un défis que je me suis lancé quand j’ai entendu l’histoire de ce pagne, qui, a la base était réservé aux couches défavorisées de la société. Je voulais le redonner une autre vie. Lorsque j’ai organisé le défilé privé avril 2016 pour lancer le Koko Donda c’était pour montrer que l’on peut quitter du néant et être dans la gloire.

Quelles sont les tenues  que vous confectionner à partir du Koko Donda

Le koko fait toutes sortes de tenues. Vous le voyez très bien à travers les réseaux sociaux, ce pagne est en tenue de soirée en tenue de ville. On a aussi les robes de mariages, des costumes, des chemises pour les hommes et pleins d’autres tenues. Pour moi le koko Donda est un tissu que l’on peut porter partout. On peut l’adapter à tout type de vêtements.

Après la présentation officielle du Koko Dunda en 2006 est ce que vous êtes satisfait de son appropriation par les Burkinabé.

Je peux dire que je suis satisfait de l’appropriation du Koko par les Burkinabés, parce qu’aujourd’hui même le premier des Burkinabés le porte. Donc, c’est déjà une fierté pour moi, en ce sens que c’est très encourageant  pour tout créateur de voir ses vêtements portés par un président, par des personnalités.

 Concrètement quel plus cette valorisation a déjà apporté au revenu des femmes qui produisent le tissu.

C’est comme je le disais, tu quittes du néant pour venir à la gloire. Aujourd’hui ces femmes sont très fières. Quand j’arrive à Bobo Dioulasso, je suis reçu comme un roi et ces femmes ne font que me bénir.  Les femmes qui travaillent le Koko Donda ont  maintenant du marché qui leur vient de partout. Actuellement quand tu demandes à ces dames, elles te diront qu’elles ne peuvent même pas honorer toute la commande, parce qu’elles sont tellement débordées. Pour moi c’est déjà une fierté d’entendre cela, de voir  des mamans qui arrivent à subvenir aux besoins de leur famille, grâce au coup de fouet qui a été donné à leurs commerces qui étaient en passe de tomber en faillite

Aujourd’hui nous assistons à une reproduction du Koko Donda par des chinois. Selon vous, pourquoi les chinois ont décidé de se lancer dans ce domaine

Pour moi ce sont pas les chinois qui ont décidé de faire la contrefaçon du koko Donda, c’est nous même  burkinabé qui avons amené le motif du Koko en chine pour le reproduire. Il y’a une catégorie de burkinabé  qui sont tellement gourmand et jaloux à telle enseigne que le gain des autres ne les arrangent pas. Ils préfèrent gagner tout seul. Aujourd’hui quand on me dit que les chinois ont reproduit le Faso Danfani, les chinois ont reproduit le koko Donda je dis non. Ce sont plutôt des Burkinabè qui sont partis avec ça en chine pour faire produire, parce qu’ils ne veulent pas donner à manger à leurs frères. Les chinois eux ils n’ont rien à foutre ils sont assis et ils attendent leur argent. Nous faisons partis des pays les plus pauvres au monde donc les chinois n’ont rien à foutre avec nous. Mais ce que je ne comprends pas, c’est que même en reproduisant le Koko Donda en chine cela ne résout pas le problème de son accessibilité par le citoyen lambda. Aujourd’hui le Koko original est vendu à 3000 ou 4000 FCFA alors que le pagne qui vient de la chine est commercialisé à 6000 FCFA. Donc ça sert à quoi alors ? Si ce n’est qu’être méchant, malhonnête. Cette contrefaçon ne m’effraie pas, jusque-là je ne parle pas même quand les gens citent mon nom sur les réseaux sociaux dans l’espoir que je m’exprime. Je ne parle pas, mais j’agis à travers d’autres moyens. On fera de telle sorte qu’aucune femme, aucun homme ne porte ce Koko contrefais. Celui qui a reproduis le tissu je pense que c’est peut être son village qu’il va habiller avec.

Justement ! Quelles sont les actions que vous êtes en train de mettre en œuvre pour stopper cette reproduction

Présentement nous sommes en train de préparer une journée de Koko Donda. Une journée qui sera instituée  très bientôt avant même le 8 mars. Notre objectif c’est de le faire un mercredi, un jour de conseil des ministres et on va demander au président du Faso et à tous ses ministres de porter le Koko Donda. Nous demanderons aussi aux députés ainsi que l’ensemble des Burkinabés de le porter le même jour. Il y’a une grande  communication qui va se passer, pour inviter  tous les burkinabé en cette journée de s’habiller en Koko Dunda, afin de rendre hommage à ces braves dames. C’est une manière aussi d’amener les uns et les autres à distinguer le vrai du faux.

Comment fait-on pour distinguer l’original de la contrefaçon

Le pagne Koko Dunda original

C’est tellement frappant à l’œil. L’original il est fait localement, il est fait artisanalement et tu sens même l’odeur de la teinture du koko la dessus. Tandis que ce qui est venu de la chine c’est une imprimerie, c’est une imprimante qu’ils ont mis dessus, donc ça n’a rien avoir avec l’original. Même sans les toucher, tu peux reconnaitre à la vue un koko original et un Koko chinois.

 Comment se porte le stylisme au Burkina Faso

On peut dire que ça commence à aller. On pense qu’on est en train de  prendre du terrain. C’est un métier qu’il faut faire connaitre, je pense que la nouvelle génération qui arrive n’aura pas du mal, parce que nous, on aura déjà fait tout le travail. Aujourd’hui j’estime que pour tout Burkinabé aller voir un styliste est dans son programme. Il y’a plusieurs stylistes au Burkina et chacun fait son bout de chemin.

 Comment préparez-vous  la 2e édition de Bobo Fashion week

Le président du Faso en Koko Dunda

 Actuellement nous préparons  effectivement la 2e édition de Bobo Fashion week et nous espérons que les partenaires vont nous accompagner. Vous savez, on est dans un pays ou les entreprises n’ont pas encore compris ce que c’est qu’un partenariat, ce que c’est qu’un sponsoring. Mais je pense qu’avec l’amour qu’on a pour ce qu’on fait, on atteindra nos objectifs. Cette année nous comptons faire venir beaucoup de stylistes d’ici et d’ailleurs. Nous espérons aussi mobiliser plusieurs stars de la musique Burkinabé pour la réussite de l’événement. Il faut noter que cette deuxième édition se tiendra du 21 au 24 juin 2018 après le mois du Ramadan

Quel message avez-vous à l’endroit des Burkinabé par rapport au Koko Donda

Bazem’se compte organiser dans les jours qui suivent une journée nationale du Koko Dunda

Je tire mon chapeau à tous les Burkinabés, parce qu’ils ont adhéré à la lutte pour la valorisation des pagnes locaux comme le Koko Donda. Aujourd’hui je pense que tous les Burkinabé veulent utiliser tout ce qui vient de chez eux et c’est déjà apporter de l’économie au Burkina Faso. De nos jours quand on me parle de PNDES, je dis que tout ceci fait partie du PNDES du moment qu’on aide nos mamans à avoir les fonds. Aujourd’hui les femmes qui commercialisent le Koko n’ont pas besoin d’aller prendre des crédits en banque, elles se suffisent. Je dirai encore bravo à tous les Burkinabés et je le invite à continuer dans cette lancée pour une mode rayonnante. Je transmets tous mes vœux les meilleurs aux fidèles de AFRIYELBA

Propos recueillis par Sougrinoma Ismaël GANSORE    


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2 comments

marco faso Jan 23, 2018 at 10 h 14 min

Super

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Anonyme Jan 26, 2018 at 17 h 08 min

Merci

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