Afriyelba
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Culture burkinabè face à la crise COVID : La belle parade du conteur KPG


Depuis le 09 mars dernier, le Burkina Faso à l’instar d’autres pays dans le monde a été touché par la pandémie du Covid19. Le secteur culturel a été la première victime de cette maladie aux pays des « Hommes intègres ». Mais, les artistes burkinabè n’ont pas pour autant baissé les bras. Nombreux sont ceux qui, à leur manière, ont trouvé des moyens de résilience. On a ainsi vu naître des spectacles sur les réseaux sociaux et précisément sur Facebook. L’un des premiers artistes qui a lancé un tel spectacle est le conteur KIENTEGA Pegdwendé Gérard alias KPG. En effet, l’artiste tient des spectacles de contes chaque soir à 19h30 sur sa page Facebook. Il nous a accordé une interview dans laquelle il explique ses motivations.

Afriyelba : Qu’est-ce qui vous a poussé à faire des spectacles directs ?

KPG : Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que j’ai mon espace qui s’appelle l’atelier de la forge. C’est le laboratoire dans lequel je prépare toutes mes créations artistiques. Mais avec le confinement, je ne pouvais plus réunir plusieurs personnes pour faire des recherches. J’ai donc amené l’atelier à domicile et j’y travaillais, je contais des histoires à mes enfants et je me suis dit que je pouvais partager cet art autrement qu’avec le public vivant. Le confinement a ouvert une autre porte qui est celle qui permet de rester en contact avec le public virtuel.

Cela vous permet de rester en communion avec vos fans ?

Je ne dirai pas fans mais c’est plutôt un moyen qui permet de rester connecté au public. La force du conte c’est la proximité. Le fait de pouvoir être en contact permanent avec le public nourrit l’artiste. Une autre force du conte c’est la répétition, le fait de raconter tout le temps aiguise le sens de la création et de la compréhension parce que l’esprit travaille et devient fertile. Le conteur doit donc être tout le temps actif.

Vos fans sont nombreux à vous suivre par le biais de ce canal ?

Vous savez, je n’avais jamais fait de vidéo auparavant. Je postais juste quelques photos sur ma page Facebook. C’est le confinement qui m’a amené à faire des vidéos. Ceci étant, au départ il n’y avait pas un grand nombre de personnes. Certains étaient surpris même de me voir dans des vidéos, j’ai donc fait une affiche pour annoncer les spectacles et ça amené les gens à vouloir découvrir ce que j’allais faire. On est passé de 10 personnes à environ 1000 personnes ces derniers jours et ça fait plaisir. Mais pour moi, ce n’est pas le nombre le plus important. C’est la portée du message que je donne à travers les récits. Dans ce cas, c’est mieux d’être avec deux personnes qui t’écoutent que d’être avec mille personnes qui ne sont pas attentifs. Mais vu l’évolution du nombre du public, je me dis que c’est parce que cela est touchant que les gens s’y intéressent de plus en plus.

Cette approche a un avantage pour vous en tant qu’artiste et créateur ? N’avez-vous pas peur que vos œuvres soient exploitées gratuitement ?

Non ! Il y a deux types de contes que moi je fais. Ce sont les contes de créations, qui sont des histoires que j’ai écrites moi-même. Je les ai déposés au Bureau Burkinabé du Droit d’Auteur (BBDA) et dans d’autres structures qui protègent la propriété intellectuelle. Mes contes sont protégés, une autre personne ne peut pas les prendre et en faire une création. Le fait aussi que j’utilise les réseaux sociaux amènera les gens à reconnaître les histoires qui viennent de moi même si une autre personne veut se l’approprier. Donc à la limite même, cela fera la promotion de mes histoires. Pour moi, les contes sont faits pour être dits pas pour être renfermés.  Donc quand on dit un conte, on l’a partagé, et dès lors, il ne t’appartient plus. Seulement, les gens doivent avoir l’humilité de pouvoir citer l’auteur car c’est en cela que rside la récompense de l’artiste.

Avez-vous un message à l’endroit de ce public qui vous suit chaque fois lors des spectacles ?

J’invite les gens à respecter les gestes barrières, à rester autant que possible chez eux et éviter les déplacements inutiles. Il ne faut pas oublier de toujours porter son masque. Aussi, si les spectacles leurs plaisent, qu’ils continuent à partager afin qu’on puisse continuer.

Interview réalisé par Eunice NIKIEMA


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