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MOUSSA PETIT SERGENT : « Chez nous humoristes, nous avons trouvé une stratégie pour financer nos spectacles »


Après Ouagadougou et Paris, c’est au tour de la ville de Sya de découvrir le spectacle « Moussa rit du monde » de l’humoriste Moussa petit sergent. Un spectacle prévu pour se tenir le 16 févier 2019, au théâtre de l’amitié. Pour ce faire, l’artiste que nous avons rencontré le 7 février, à Ouagadougou, rassure que lui et son staff sont à pied d’œuvre pour faire du rendez-vous de Bobo-Dioulasso l’un des meilleurs. « Bobo-Dioulasso est très important pour moi et je me suis toujours promis de donner un spectacle là-bas quand je le fais à Ouagadougou », nous a confié l’artiste. Alors, c’est dire que « ça promet », pour « Moussa rit du monde » étape Bobo. Dans cette interview, l’artiste vous donne un aperçu de ce dont il s’agira. Mais ce n’est pas tout. Il est aussi revenu sur son spectacle à Paris, celui du SIAO et la vie du Collectif des architectes du rire (CAR). Une trouvaille des humoristes pour financer leurs spectacles

Afriyelba : Comment s’est déroulée l’année 2018 de Moussa Petit Sergent ?

Moussa petit sergent : 2018 a été une année assez intéressante pour moi. C’était une année qui m’a permis de découvrir d’autres scènes, qui m’a donné beaucoup d’opportunités et également plein de perspectives. 2018 culturellement parlant, a été assez bénéfique pour moi. L’apothéose en 2018 s’est fait avec un trophée de Ouistiti pour couronnée le travail que nous avons abattu mon équipe et moi. Je pense que cela témoigne aussi qu’au cours de l’année écoulée, nous avons fait des efforts. Alors, je peux dire que 2018 a été une année positive.

On sait aussi que fin 2018 vous avez eu à donner des spectacles en France, parlez-nous de cette expérience.

Il faut dire que c’était une première expérience. Je donnais souvent des spectacles « petites formules » en Europe mais c’était la première fois  que je faisais un spectacle complet dans un théâtre pendant une longue durée. Au début, je l’ai abordé avec beaucoup de stresses. J’avais peur car je ne savais pas comment les choses allaient se passer. Mais, aujourd’hui, avec du recul je peux affirmer que c’était une belle expérience. Maintenant, je vois les choses autrement. J’aborde l’écriture de mes spectacles différemment parce qu’en tant qu’humoriste je dois aussi évoluer avec le temps. J’avais un contrat de deux mois avec le théâtre pour jouer « Moussa rit du monde ».  Le spectacle s’est tellement bien passé que le théâtre a décidé de prolonger. Je devais continuer de janvier à juin selon les propositions qui m’ont été faites. Mais vu que j’ai des engagements aussi ailleurs finalement, le créneau qui a été retenu est de mi-février à mi-avril. Je vais reprendre le même spectacle dans le même théâtre du 24 février au 13 avril. Dans le forum de « Billet reduc » les gens, après avoir vu le spectacle, font des commentaires. Ce sont des commentaires de « Mr tout le monde ». Donc, c’est sous le couvert de l’anonymat. Et, sincèrement quand je lis les commentaires, moi-même j’ai envie d’aller voir le spectacle (Rires…).

Tout ça c’est dans le cadre du projet « Moussa rit du monde » ?

Oui, c’est le cas. C’est un spectacle qu’on verra beaucoup jouer en Europe en 2019. Je pense que normalement on doit le jouer jusqu’en octobre. J’avais des engagements ici en Afrique que je vais respecter mais je ne prends pas d’autres engagements encore car on n’a pas mal de choses à faire en 2019 avec « Moussa rit du monde ».

Mais quels commentaires faites-vous de l’étape de Ouagadougou, au SIAO, de « Moussa rit du monde » ?

L’étape de Ouagadougou s’est très bien déroulé. Je profite de votre micro pour saluer le public qui est sorti massivement. En tant qu’artiste, c’était la première fois que je donnais un spectacle au Burkina avec autant de monde. Je tiens donc à saluer le public burkinabè pour le soutien remarquable. Au début, on a eu peur à cause de la pluie mais après qu’il s’est arrêté de pleuvoir, les gens sont sortis. Je remercie également tous les médias qui m’ont soutenu en l’occurrence Afriyelba. Je remercie aussi toute mon équipe et tous mes collègues qui se sont mobilisés pour le spectacle. Il ne faut pas l’oublier, avant le spectacle, il y a eu des affiches qui ont été déchirées en ville. Après, mes collègues se sont mobilisés dans la communication et cela m’a beaucoup touché et finalement « Moussa rit du monde » Ouaga s’est tenu. Il faut dire que la version du spectacle jouée en Europe n’est pas la même chose que celle jouée ici. Il y’a des choses que je supprime ou que j’ajoute. Donc, je prévois, ici à Ouaga, de jouer la version qui a été jouée en France. Parce que, je crois que c’est aussi important que les gens voient ce que je fais en France. Je ne sais pas quand, mais ce sera surement au cours de l’année.

« Moussa rit du monde » au SIAO c’était aussi d’intenses émotions. Parce qu’on vous a vu, entre temps, verser des larmes sur scène…

Ah oui… En effet, au SIAO on n’a pas pu finir le spectacle du faite d’une grosse surprise que mon équipe m’a faite. Et, c’était le fait d’avoir fait monter ma maman sur la scène. Ceux qui sont proches de moi savent que ma maman c’est quelqu’un de très important pour moi. Elle est le ciment, le socle de tout ce que je fais. A tous mes spectacles, elle a toujours été présente et je l’ai fait monter sur scène. Mais, celui du SIAO était le seul spectacle où j’avais décidé qu’elle n’allait pas monter sur scène. C’était le seul spectacle où j’avais décidé de ne pas la fatiguer et la laisser juste regarder. Parce que je me suis demandé à un moment si chaque fois la faire monter sur scène n’est pas de la pression pour elle. Alors, quand j’ai pris la décision de ne pas la faire monter, j’ai été soutenu par mon metteur en scène et on s’est mis d’accord.

Mais, j’étais loin de m’imaginer qu’il avait d’autres projets en tête. Alors, il a monté la scène avec toute mon équipe à mon insu.  Ils ont ensuite attendu la partie sensible du spectacle où je commençais à parler des femmes, j’entonnais une chanson pour rendre hommage aux femmes qui ont souffert dans leurs foyers mais qui sont restées et qui se sont battues au nom de leurs enfants. La chanson était dédiée aux femmes qui travaillent dur pour que leurs enfants puissent avoir un petit bout de bonheur. Ma maman a toujours été dans cette posture. Je sais comment elle a trimé avec nous. Les gens ne le savent pas mais ma mère et moi lorsqu’on est arrivé au Burkina, dans la ville de Ouagadougou on a fait 9 célibatériums. Il y a des moments où on nous chassait parce qu’on avait deux ou trois mois d’impayés, des fois c’est nous même qui partions parce que le bailleur a décidé d’ajouter 2500 F sur le loyer…

Une fois, on a même dormi sous un hangar dans un célibatérium. Cela parce qu’on nous avait chassé d’une maison et on avait nulle part où aller. Donc, nous nous sommes retrouvés chez l’une de ses amies mais cette dernière était mariée. Elle pouvait nous recevoir mais pas dans sa chambre. Du coup, on s’est retranché sous le hangar où on a dormi pendant 9 jours. J’ai donc vu tout ce qu’elle a enduré et subi pour moi et mes petites sœurs. Aujourd’hui, la personne que je mettrai le plus à l’aise dans cette vie c’est donc elle.  Alors le morceau que je jouais c’était aussi pour ma mère. Et, pendant que je le jouais, je me retourne, à un moment, et je la vois arrêté derrière contre toute attente. Je n’ai pas pu tenir et j’ai versé des larmes. S’en est suivi la fin du spectacle. Parce qu’en tant qu’humoriste, on doit faire tordre le public de rire donc ce n’était pas le lieu de venir pleurer.

Vous parliez tantôt du soutien que vous avez bénéficié de vos collègues. Là-dessus effectivement, on voit une solidarité plus poussée entre les acteurs de l’humour. Cela a été sanctionné par la naissance du Collectif des architectes du rire (CAR) dont vous êtes le président d’ailleurs. Alors dites-nous comment vous vous organisez pour que cette solidarité puisse se traduire dans les faits ?

Il y a le Balai citoyen qui dit que : « Notre nombre est notre force ». Chez nous, notre nombre est notre force mais pas de la même manière. Dans notre cas, notre force réside dans le fait que nous ne sommes pas nombreux. Partant de ce constat, il est plus aisé de se souder davantage et créer un noyau de sorte à ce que plus tard, même si notre nombre augmente, qu’il y ait toujours un socle. Nous voulons une institution à laquelle tous les humoristes peuvent s’identifier. C’est pourquoi nous avons créé le CAR. Nous voulons unir les humoristes afin qu’ils parlent d’une même voix. C’est aussi pour ne pas tomber dans le jeu dans lequel les musiciens sont malheureusement tombés aujourd’hui. Nous ne voulons pas  que des gens manipulent des humoristes les uns contre les autres avec des propos du genre « c’est toi le meilleur », « l’autre il ne vaut rien »… Si cela arrivait, il y aura des humoristes qui vont commencer à se prendre la tête et se considérer comme supérieur aux autres.

Rendez-vous le 16 à Bobo Dioulasso pour « Rire du monde » avec Moussa Petit Sergent

Alors, c’est pour éviter cela qu’on a eu l’idée de former un collectif, de tenir régulièrement des réunions, de s’informer des activités de tout un chacun et d’avoir notre espace où on peut faire des spectacles. Dans notre espace, on n’exclut aucun humoriste. Même si vous avez une semaine de carrière, vous venez chez nous on vous met sur la liste et vous jouez. Aussi, nous travaillons à soutenir nos collègues lorsqu’ils ont des spectacles. Pour le spectacle de Gombo.com, nous avons tenu une soirée à l’issue de laquelle nous avons reversé toutes les recettes à la production du groupe. Il y la Jaguar et Philomène qui ont leur spectacle et nous allons encore tenir une soirée le 2 février avec tous les humoristes de la capitale et les recettes seront versées au staff des deux artistes. On est dans un environnement où on n’a pas de sponsors.

Et, je ne comprends pas pourquoi les sponsors ne nous font toujours pas confiance et c’est assez paradoxal. Les humoristes aujourd’hui drainent plus de monde qu’avant. Mais, malgré cela, il est difficile de trouver des sponsors. Face à cette situation, nous nous sommes dits que nous n’allons pas aussi allez faire des courbettes et on a décidé de prendre des initiatives pour financer nos propres spectacles. A travers le CAR, je pense qu’on va réussir à le faire.

Parlant de spectacle, vous êtes actuellement en train de préparer celui de Bobo-Dioulasso et c’est la deuxième étape de « Moussa rit du monde » au Burkina. Où vous en êtes avec les préparatifs de ce spectacle qui va se tenir ce 16 février ?

 Pour Bobo-Dioulasso, les préparatifs vont bon train. Le partenaire principal que nous avons là-bas, c’est l’institut français qui nous accompagne dans l’organisation sur place. La communication est déjà lancée. On essaie de quadriller la ville avec les supports pour passer l’information. Je m’y suis rendu et j’ai vu l’engouement qu’il y a autour de l’évènement. Je vais voyager avec certains humoristes du CAR et toute cette semaine nous sommes en répétition. On travaille sur les sketchs tous  ensemble pour casser cet esprit de compétition entre les humoristes. Donc, nous travaillons les sketchs  tous ensemble et chacun apporte ces idées. En ce moment, il n’y aura pas des propos du genre « Je suis plus fort qu’un tel ». Nous allons aussi faire jouer des humoristes de Bobo-Dioulasso car le spectacle se tient dans leur environnement. De mon côté, les choses se passent très bien. Il y a déjà une partie de mon équipe sur place et j’ai foi que les choses se passeront très bien.

En termes de contenu, à quoi doit s’attendre le public bobolais ?

Tout le  temps j’ai écrit des choses assez intéressantes. Même ce matin (Ndlr : le 7 février 2019), j’ai écrit sur le ronflement et je le trouve assez intéressant. Je ne vais pas dévoiler le contenu d’abord mais il faut dire que la version de Bobo-Dioulasso va être assez original et différente de celle de Ouaga. Je vais faire un prologue avant de faire le spectacle proprement dit. Et, sur scène, il y aura toujours un Dj, le DJ Aly Bomayé mais ce sera une version assez soft. Le spectacle va durer environ 1 heure et quart.

Vous avez parlé d’accompagnement d’autres artistes humoristes. Peut-on savoir qui sont tes collègues humoristes qui feront la première partie ?

 

 Nous avons El présidenté et El Adji Kliéchi. Ce sont les deux humoristes dont la participation est confirmée. C’est dire qu’on a encore la possibilité de partir avec d’autres humoristes. Si vous voulez, je dirai que tous les humoristes sont intéressés. Mais, étant donné que financièrement on n’est pas accompagné, je ne voudrais pas m’engager et ne pas pouvoir payer les cachets comme il le faut. Mais, si les choses évoluent, d’autres humoristes seront de la partie. A Bobo-Dioulasso, nous avons La Kadja et le groupe têtes brulées qui vont nous accompagner. Il y aussi une grosse surprise que je ne vais pas dévoiler d’abord. Mais, retenez que pour le spectacle du SIAO, la surprise a été Oumar mané de la Guinée qui est un de mes collègues. Il avait fait le déplacement de Ouagadougou pour le spectacle. Donc, pour Bobo-Dioulasso, j’ai un autre collègue qui vient et ceux qui seront dans la salle pourront le découvrir.

A quelques jours de « Moussa rit du monde », étape Bobo-Dioulasso, quel message avez-vous pour les Bobolais ?

L’appel que j’ai à lancer aux Bobolais c’est de leur dire que s’ils ont 2000 F CFA maintenant, qu’ils les gardent bien dans leur poche pour venir nous voir le 16 février. Mon équipe et moi avons déjà fait l’effort d’aller vers eux , je demande qu’ils fassent l’effort de venir donc au théâtre de l’amitié. Si nous y allons c’est parce que nous avons besoin d’eux. Bobo-Dioulasso est très important dans ma carrière et je me suis promis de toujours faire mes spectacles Là-bas quand je les fais à Ouagadougou. Donc, c’est l’occasion de venir au théâtre de l’amitié le samedi 16 février. Les prix sont fixés à 2000 F CFA et 3000 F CFA pour voir ce nouveau spectacle, « Moussa rit du monde ».

Propos recueillis par Adama SIGUE


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