Cela fait moins d’un an qu’il est à la tête du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA). Puisqu’il a été installé dans ses fonctions de Directeur général de cette institution, le 12 juillet 2016. Dans ce laps de temps court, les choses sont entrain de bouger à la Maison des créateurs comme l’a reconnu le président de l’Association des musiciens du Burkina Faso, Baz Bill. Wahabou Bara, plus connu dans le milieu du show-biz sous le nom de Walib Bara, est en entrain d’imprimer sa marque au BBDA avec son équipe. Ils viennent, du reste, de développer un partenariat avec une banque de la place pour faciliter le virement des droits d’auditeurs qui contribuera, foi du patron du BBDA, à faire en sorte que le métier d’artiste soit plus viable,…A ce propos, Afriyelba qui va toujours au-delà de l’information, vous propose l’intégralité des explications données par Walib Bara à la presse, le mercredi 24 mai 2017 au sortir d’une rencontre avec les artistes bénéficiaires des droits d’auteur.
Sur les motivations du partenariat avec la banque
Pour nous, un bureau burkinabè du droit d’auteur a pour missions de collecter, de délivrer des autorisations moyennant des collectes et de faire une bonne répartition aux différents créateurs. Mais une des missions que l’on ignore souvent, c’est le volet de la promotion culturelle. Ce volet doit se reposer sur des industries culturelles pérennes qui fonctionnent sur un marché national qui s’organise bien et qui est capable de s’exporter. Dans cette dynamique, il faut tendre vers des mécanismes de financements structurants car aujourd’hui, la subvention publique baisse d’année en année et tendra à disparaitre puisque si l’on veut tendre vers les industries culturelles, il faudra que l’Etat se désengage de son soutien à ces industries. Pour combler ce déficit, il faut aller vers des mécanismes de financements structurants. C’est le début d’une collaboration avec Coris Bank international qui date depuis la période du FESPACO où nous avons organisé un atelier sur les financements de l’audiovisuel et les échanges se sont poursuivis. On espère qu’avec cette répartition du 30 mai prochain, on pourra sceller une véritable idylle entre cette banque et le BBDA.
A propos des fruits du partenariat entre le BBDA et cette banque
Le partenariat entre le BBDA et Coris Bank international permettra aux artistes d’éviter les longues files d’attente. Ce partenariat permettra aussi d’avoir la traçabilité des revenus des créateurs qui sont des éléments de confiance auprès du banquier qui peut accompagner les projets des différents artistes. Le leader du syndicat des artistes musiciens parlait régulièrement de la clochardisation des artistes, il faut tendre à faire disparaître ce vocabulaire parce qu’un artiste est également une entreprise. Et un artiste qui a des revenus conséquents au niveau du BBDA peut monter des projets, s’inscrire dans une démarche structurante et démontrer son apport en plus du rayonnement de la culture, mais aussi, en termes de création d’emplois, d’inclusion dans la lutte contre la pauvreté.
Au sujet des modalités de répartition des droits d’auteurs
Il faut se satisfaire déjà parce qu’il y a une augmentation de près de 100 millions de FCA pour la répartition du mois de mai. C’est l’effort des agents de recouvrement du BBDA qui ont décidé de mouiller le maillot, malgré les difficultés, les capacités opérationnelles insuffisantes de faire déjà ce bond qui est assez intéressant. Il est important que l’on puisse se satisfaire de ce bond. C’est une répartition qui concerne les catégories de ce que l’on appelle les droits directs et indirectes. Dans la catégorie musique par exemple, il y a ce que l’on appelle les séances occasionnelles (spectacles, concerts, diner de gala, etc) au cours desquelles les agents de recouvrement du BBDA viennent faire des perceptions. Mais c’est aussi la diffusion des œuvres sur les organismes de radiodiffusion (télé, radio,…) et le téléchargement qui est aussi une donnée importante dans l’environnement numérique. C’est bien d’avoir un montant intéressant, mais c’est aussi bien que les créateurs sachent pourquoi ils touchent ce montant. Il était important d’expliquer la clé de répartition après déduction des frais statutaires, du fonds de promotion culturelle et de celui d’œuvres sociales. Lorsque nos créateurs sont dans des difficultés (maladies, ordonnances, interventions,…), le BBDA joue aussi sa partition. Le BBDA gère aussi les créateurs du monde avec lesquels il a des conventions de réciprocité. Ces derniers auront aussi leur part de droit pendant le mois de mai.
Ce que les artistes doivent comprendre du projet avec la banque
En initiant le projet avec Coris Bank, c’est de tendre vers des mécanismes structurants. Il faut que chaque artiste se dise: « je suis une entreprise, j’ai des produits et des charges. Et que parmi mes produits, je peux mettre dans la balance de discussion, mes droits d’auteurs. Je peux dire que mes droits d’auteurs interviennent dans la chaîne de valeur, notamment au niveau de la création, de la production, de la diffusion et même de la commercialisation de mon œuvre ». En démontrant cela, le banquier n’a plus le même regard qu’il avait sur l’artiste que l’on pensait être «clochardisé». Il y a des artistes qui ont des montants assez intéressants. Il y avait aussi des artistes qui recevaient, depuis belle lurette, leurs droits par virement bancaire. Il faudra que la majeure partie des artistes s’inscrive dans cette dynamique. On peut avoir ses droits sans forcément venir les toucher au BBDA et demander que ces droits partent à sa banque. Ce qui permet au banquier de suivre l’évolution de votre boulot et de se convaincre que ce métier d’artiste est viable, peut créer des emplois et peut contribuer à réduire la pauvreté au Burkina Faso. C’est notre vœu.
Propos recueillis par Saïdou Zoromé