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Rap français : H-Magnum à la conquête de l’Afrique


Le rappeur français d’origine ivoirienne raconte dans son dernier album son parcours qui l’a mené d’Abidjan à Paris. Rencontre avec un rappeur talentueux et discret qui sera aux côtés de Maître Gims dans sa tournée africaine.

« Un jour il est tendre, le lendemain il est thug, guerrier », assure son épouse. Et, de fait, chez H-Magnum la belle stature physique coexiste avec des sourires et une douceur de ton qu’il a manifestement en stocks inépuisables. Il est touchant car il a la lucidité humble de ceux qui reviennent de loin, sans l’arrogance de ceux qui veulent prendre une revanche sur la vie. Mais aussi comment se douter que cet homme apparemment heureux, fier d’exhiber son alliance, de parler avec fierté de ses deux enfants et de sa jolie épouse marocaine, fut jadis un nuchi, un voyou ? Tout ça, il le raconte dans son premier album, intitulé « Gotham City », production indépendante sortie en France en janvier dernier, opus des plus prometteur qui a obtenu des scores commerciaux plus qu’honorables avec 15 000 ventes physiques.

Entre un père professeur d’anglais et une mère au foyer, le monde ne fut en effet pas rose-Barbie pour H-Magnum né il y a 32 ans à Yopougon, quartier remuant et populaire d’Abidjan. Son parcours sera pavé de souffrances, celle provoquée par la séparation de ses parents et qui amènera le départ de sa maman partie trimer à Paris comme garde d’enfants dans les années 1990, le décès de sa sœur bien aimée ; celle, enfin, d’un enfant brinquebalé entre la Côte d’Ivoire et la France (il y séjournera entre 8 et 12 ans avant de s’y s’installer définitivement à 15 ans). Le pseudo « H-Magnum » ? C’est une façon de bomber le torse face à la vie : H est mis pour Hervé, son prénom (Imboua pour patronyme) auquel il a accolé le nom du héros invincible de la série américaine des années 1980. Pour l’adolescent « turbulent », bagarreur impénitent, la rue d’Abidjan sera son école principale. A 12 ans, il deviendra nuchi, un voyou à la sauce locale, un de ceux que l’on appelle aujourd’hui « microbes ». Un jeune sans toit ni loi. De la street-life au rap le plus « street » il n’y avait qu’un pas logique, évident à franchir. Hervé posera donc ses premiers flows au bord de la lagune.

Il poursuivra sa lente gestation d’artiste dès qu’il aura mis le pied sur le sol parisien, plus précisément dans le XXe arrondissement. Premiers groupes : Collectif Arconit dès 1998 et Injection lyricale, un possee du 9-3. Puis grand coup de boost à l’orée du nouveau millénaire : Lefa, un rappeur de son quartier de St-Blaise, lui présente Maître Gims et les membres de ce qui était en train de devenir Sexion d’Assaut, la formation qui a régné un temps sur la scène hip-hop française. « J’ai énormément appris à leurs côtés », avoue-t-il.

Après quelques collaborations avec Kery James ou Diams, des featurings et des mixtapes avec la Sexion ainsi qu’un street-album baptisé « Rafales » (2009), il délivre enfin, cette année, un opus qui reflète totalement sa démarche. Dix-neuf titres, des hauts et des bas. Des mélodies et des arrangements souvent imparables et des textes parfois trop « attendus » , mais plus essentiellement le surgissement d’un nouvel espace musical déjà esquissé par Maître Gims entre autres avec son dernier album « Mon cœur avait raison » (600 000 exemplaires vendus en France !). Fini les messages purement déclamés ! Bienvenue au « rap chanté » ! Autre carte maîtresse de cette œuvre, son africanité tempérée, « mondialisée ». Le titre de l’album, « Gotham City », ne renvoie pas seulement au cadre des aventures de Batman mais est aussi et surtout… le nom d’un quartier de Yop !

Au contraire des rappeurs français, ces enfants de l’immigration nés dans l’hexagone et coupés en partie de leurs racines, Hervé, lui, aura bénéficié de l’imprégnation vitale et incontournable d’une enfance baignée dans les chansons de Koffi Olomidé, Myriam Makeba, Pepe Kalle, Espoir 2000 ou Fitini. Serait-il révolu le temps où les Youssou Ndour, Salif Keïta et autres Werrason débarquaient en Occident avec leur bagage sonore sans toutefois parvenir à vraiment conquérir le grand public ? H-Magnum en est conscient : « J’ai hérité de plusieurs sensibilités, américaine bien sûr mais aussi française (j’adore Brel et Brassens !) et africaine. Les jeunes artistes comme moi ont le bon décodeur pour toucher le public occidental sans qu’on perde notre âme. » Et de citer illico « Je dois y aller », la chanson de son premier disque qui, à ses yeux, reflète le mieux son approche musicale : « J’ai réussi à concilier une partie chantée, une autre de trap, le tout sur un rythme de coupé-décalé. »

Et, bien entendu, conséquence logique, l‘album de H-Magnum plaît aussi aux mélomanes africains. De Dakar à Kinshasa, on semble s’y retrouver. Il était donc temps de se présenter au public du continent. D’où l’excitation du chanteur-rappeur ivoirien, en ce début du mois d’août, à l’idée d’assurer la première partie de la tournée africaine de son pote, Maître Gims. « Ce seront mes premiers concerts là-bas et je suis assez impatient d’y être. D’autant que je vais me produire chez moi. »

Maître Gims (1ere partie : H-MAGNUM) – Africa Tour : 

Abidjan : le 3 septembre

Ouagadougou : le 17

Kinshasa : le 27

Yaoundé : le 18 novembre

Douala : le 19

Dakar : le 24 décembre.

Jeuneafrique.com


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