« Nous ne devons rien à Sidiki Diabaté. Au contraire c’est eux qui nous doivent 4 millions d’euros ». Ces propos sont de Moussa Wagué, fondateur de la structure Keyzit qui répond à Sidiki Diabaté qui l’accuse d’escroquerie et d’abus de confiance entre autres. Dans une interview qu’il nous a accordée via le net, il a réagi à ces accusations faite par Sidiki Diabaté dans un entretien récent publié dans nos colonnes. Moussa Wagué a par ailleurs, donné sa version des faits de cette affaire qui l’oppose à l’auteur de « Fais moi confiance ». Lisez
Afriyelba: Que répondez vous aux accusions d’escroquerie, d’abus de confiance, de faux et d’usage de faux portés contre vous par l’artiste Sidiki Diabaté?
Moussa Wagué: Je remercie et salue l’initiative de Afriyelba de venir vers nous dans le soucis de l’équilibre de l’information, pour avoir notre version. Pour ce qui concerne les accusations d’escroquerie, de faux et d’usage de faux et d’abus de confiance à nous portés par Sidiki Diabaté, je réponds que tout ceci est complètement faux. La justice malienne a d’ailleurs classé leur plainte sans suite. Nous les attaquons pour les mêmes motifs mais preuves à l’appui !
Quel est la nature du contrat que vous avez signé avec lui ?
Nous avons signé plusieurs contrats :
- 1 contrat avec Toumani Diabaté et son label par lequel il s’engage à confier tous ses artistes à KEYZIT (Sidiki Diabaté, Toumani Diabaté, Hamed Diabaté, Balla Diabaté…).
- 1 contrat de production exclusive avec Sidiki Diabaté pour 4 albums.
- 1 pacte de préférence éditoriale avec Sidiki Diabaté pour la gestion de ses droits d’auteurs.
- 1 mandat de représentation scénique avec Sidiki Diabaté pour la gestion de ses concerts et spectacles.
Aucun de ces contrats n’a été respecté par Toumani et Sidiki Diabaté.
Il dit que vous n’avez rien apportez sur l’avancement de sa carrière, que réagissez vous à cela ?
C’est son point de vue actuel car il est fâché, les faits sont là et prouvent le contraire. Nous avons signé Sidiki Diabaté il y a bientôt 3 ans et nous avons été présents sur tous les plans. Que ce soit l’image, les clips, la communication, les concerts, les enregistrements…Nous aurions pu faire beaucoup plus si les contrats avaient été respectés. Je pense qu’on a pu faire seulement 10% de ce que nous avions prévu.
Et de son affirmation selon laquelle vous profitez de ses relations pour faire connaître Keyzit ?
Encore une fois c’est son point de vue en tant qu’artiste. Mais je ne vois pas où est le problème. Nous travaillons à la fois pour faire connaître l’artiste et notre structure ce qui est normal. C’est une collaboration et ça doit être gagnant-gagnant.
C’est souvent comme ça, quand un artiste connaît le succès c’est uniquement grâce à lui et à son talent, mais quand vient l’échec c’est la faute des autres. KEYZIT existe bien avant que la carrière de Sidiki Diabaté soit à ce niveau. Quand j’ai voulu le signer personne ne le connaissait en dehors du Mali.
Il dit que ses différentes collaborations avec les artistes étrangers tels que Booba, Hiro, Naza, il les a décrochés à travers ses propres relations ?
C’est un peu prétentieux de penser cela.
Nous savons tous que c’est Booba qui a fait révéler Sidiki Diabaté aux yeux du monde avec le titre « Validé » qui reprenait « Inianafi Debena ». A ce niveau je n’y suis pour rien c’est évident. Néanmoins je connais Booba bien avant Sidiki, nous avons bossé ensemble plusieurs fois pour Unkut, nous avons beaucoup d’amis en commun, on a fait du sport ensemble etc…
Pour Hiro c’est sa manageuse, Christelle Mangaya, que je connais également depuis une dizaine d’années qui m’a contacté pour faire le featuring. Sidiki Diabaté ne voulait pas le faire au début, j’ai dû le convaincre. Philo et Youssoupha qui dirigent le label Bomaye Musik sont des connaissances de longue date…Les artistes ne savent pas tout ce qui est fait dans l’ombre par leur producteur pour que les choses avancent.
Ensuite bien entendu de par la notoriété qu’il a acquise au cours de ces 3 dernières années, les demandes sont bien plus nombreuses donc je peux dire que c’est également grâce à lui. Il y a pleins de collaborations intéressantes en attente mais on ne peut rien faire avec le fonctionnement actuel.
Qu’avez-vous fait concrètement pour Sidiki Diabaté depuis la signature de votre contrat ?
La liste est longue…Disons que nous avons fait notre travail de producteur, d’éditeur et de tourneur…ce qui n’était pas de tout repos avec les difficultés posées par Toumani Diabaté. Qu’il le reconnaisse ou pas, nous avons contribué à son succès, tout le monde le sait. Comme je le disais c’est une collaboration, l’artiste a besoin de son producteur, le producteur a besoin de son artiste.
Si vous regardez bien, la carrière de Sidiki a deux vitesses : l’une qualitative et professionnelle, l’autre complètement désordonnée. Quand KEYZIT a les reines de la carrière de Sidiki Diabaté, ça avance correctement et de manière professionnelle : Les concerts dans des salles prestigieuses, les clips qualitatifs…
Quand c’est son père ou encore sa petite sœur qui dirige ça part dans tous les sens : des mauvais clips sont réalisés (mais payés tout de même par KEYZIT). Il suffit de regarder la qualité des publications Facebook ou Instagram quand nous ne sommes pas derrière (fautes d’orthographe, photos hasardeuses…). Ce n’est pas digne de son niveau !
Regardez également le nombre de plaintes à son encontre de la part d’organisateurs de spectacles un peu partout dans le monde : En Angleterre, au Canada, en Italie, en Belgique, en France et même chez vous au Burkina Faso…Tout ce travail négatif ce n’est pas la faute de KEYZIT.
Comment êtes-vous arrivé à ne pas vous entendre ?
En réalité il n’y a pas de problème entre moi et Sidiki Diabaté, on s’entend vraiment bien à la base. C’est plutôt avec son père qu’il y a un problème. Depuis le début de notre collaboration il refuse de respecter les contrats. Aujourd’hui il a réussi à retourner Sidiki Diabaté contre nous en lui disant que nous ne payons pas les droits alors qu’il a encaissé lui-même l’argent.
Cependant je comprends, c’est délicat pour Sidiki Diabaté. Je ne peux pas lui demander de choisir entre son producteur et son père.
Il vous accuse d’avoir bloqué ses comptes facebook et instagram. vrai ?
Les comptes que nous avons récupérés sont les nôtres. Nous lui avons retiré les accès afin qu’ils ne suppriment pas certaines preuves.
L’affaire est en justice actuellement nous semble -t-il?
Oui elle était déjà en justice en France. Nous avions déjà signalé les manquements au juge à Paris. La justice française nous a donné raison et a autorisé le blocage des comptes SACEM de Sidiki. C’est pour cela qu’ils ont monté leur plan au Mali en essayant de me forcer la main pour que KEYZIT renonce aux poursuites.
Vous avez même fait une journée en prison ?
J’ai vu qu’il a dit ça dans votre interview, cela prouve qu’il ne sait même pas ce qui se passe en son nom. J’ai fait plusieurs jours et plusieurs nuits en cellule…A chaque fois que mes avocats me faisaient sortir je me faisais arrêter et replacer en garde à vue quelques jours plus tard. On m’a arrêté environ 7 ou 8 fois, à l’aéroport, en boite de nuit, dans la rue, chez ma mère !
Ce qu’ils ont fait est très grave mais Sidiki Diabaté ne s’en rend pas encore compte. Ce ne sont pas des manières de faire même en cas de désaccord profond.
Combien de F CFA vous réclame-t-il ?
Il ne peut rien nous réclamer car nous ne lui devons rien. Au contraire ! Eux nous doivent plus de 4 millions d’euros !
Il dit que vous ne lui versez pas ses droits. Vrai ?
C’est faux, complètement faux. A la signature nous avons versé une avance sur les droits de plusieurs dizaines de millions de francs CFA. A ce jour, il n’a pas encore généré assez de droits pour que nous lui fassions de nouveaux paiements, c’est aussi simple que cela.
L’argent a été payé par virement sur les comptes indiqués par lui et son père. Nous avons les preuves de tous les paiements. Est-ce que son père a redonné l’argent à Sidiki Diabaté ? C’est une bonne question.
Malgré tout cela à chaque fois qu’il nous appelait quand il avait besoin d’argent nous lui donnions car je voyais en lui le petit frère avant l’artiste.
Il réclame aussi la cessation du contrat ?
C’est plus vicieux que ça.
Aujourd’hui des concurrents sont intéressés par le rachat des contrats de Sidiki Diabaté, ils nous contactent donc pour entamer les discussions comme l’usage le veut.
Cependant Toumani Diabaté refuse que le rachat se fasse via KEYZIT, Il veut donc rompre les contrats pour pouvoir négocier lui-même et toucher ce qui nous revient de droit.
Nous ne nous opposons pas au départ de Sidiki Diabaté. Mais il y a des manières de faire, des procédures à respecter.
Le contrat court jusqu’à quand ?
Les durées des contrats dépendent de plusieurs paramètres.
Comment comptez vous régler cette affaire ?
Cette affaire sera réglée par la justice car nous avons épuisée toutes les voies amiables. C’est important que la justice nous donne raison et les condamne pour leurs mensonges et leurs méthodes. Cela a semé le doute chez beaucoup de personnes et il faut que notre honneur et notre crédibilité soient lavés de tout soupçons.
Une fois que ce sera fait nous pourrons parler de la poursuite de la carrière de Sidiki Diabaté chez un éventuel concurrent.
C’est dommage que ça se termine ainsi !
NB: Les questions ont été répondues par mail si fait que nous n’avons pas pu faire des relances.
Propos recueillis par Yannick Sankara