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Musique : Soké, une voix sûre de la musique burkinabè


De son vrai nom Souleymane Konané, Soké est un artiste burkinabè qui fait de la musique urbaine. De mère togolaise, l’artiste à travers ses œuvres laisse percevoir son métissage. Allons à la découverte du rossignol de la musique burkinabè.

Afriyelba : Bonjour Soké. Présentez-vous à nos abonnés.

Soké : Je suis Souleymane Konané à l’état civil. Je suis né d’une mère togolaise et d’un père burkinabè. Je suis un artiste pluridisciplinaire. Je suis marié et père de quatre enfants.

Quel est l’univers de Soké ?

Je fais de la world musique parce que dans mes chansons tu retrouveras tout. Je fais de l’afro zouk, du RNB, de l’acoustique. Je fais de la musique urbaine.

Vous avez signé avec une grande maison de production qui vous a fait connaitre à l’international sans pour autant avoir une assise nationale. Dites nous un peu.

J’ai participé au concours Airtel music star en 2015 et j’ai atteint la finale. Il y avait Fleur, Kevin, Josias et Sonia. J’ai été 4e et j’ai eu la chance de rencontrer le directeur de Nouvelle donne music. C’est cette maison qui a produit  Miguelito, Maitre Gims, Espoir 2000, etc. Ce monsieur vit en Europe donc il fait la promotion des œuvres de ses artistes à l’extérieur du Burkina Faso. Il connait bien l’Afrique mais ne maitrise pas le Burkinabè. Il a placé un jeune qui a fait ce qu’il pouvait mais aujourd’hui je remercie Dieu parce que les choses commencent véritablement à bouger sur le plan national.

La reconnaissance locale est-elle importante pour vous ?

Bien sûr! Quand un expatrié arrive au Burkina, il cherchera à savoir si la musique de Soké est consommée ici. Je dois me battre pour faire connaitre ma musique dans mon pays car chaque jeune burkinabè doit construire sa nation.

Dans l’univers musical burkinabè on a eu quelques expériences malheureuses avec de grandes maisons de production. Quelle est ton expérience personnelle en la matière?

(Soupire), Vous savez, signer avec une grande maison c’est juste la forme. Mais après ça te donne une certaine expérience parce que tu ne peux pas rester chez toi et dire que tu es arrivé. Grâce à ma maison de production j’ai eu la chance de rencontrer de grands noms de la musique africaine tels Asalfo, Meiway, etc. C’est un couteau à double tranchant car ton producteur ne te permettra pas de gérer des petits gombos (ndlr cachets). Alors que ces petits gombos te permettent de t’exprimer et de te faire des sous. Si on te propose 100000 par exemple eux diront 300000 ou rien. Tu n’es pas libre de décider. Alors que si tu signe avec une maison burkinabè c’est différent ; elle connait la réalité.

Vous avez des regrets aujourd’hui ?

Non pas du tout ! Dans la vie chaque jour on apprend. Chaque maison a ses réalités et tu ne peux pas les accuser de ne pas t’avoir fait avancer. Dans la vie tu croises quelqu’un qui t’aide un peu et ça s’arrête là. Ne dis pas qu’il t’a laissé sur le chemin. C’est leur mission, il a fini et tu croiseras d’autres personnes qui vont t’épauler.

A votre avis qu’est ce qui manque à la musique burkinabè pour s’imposer localement ?

Tout d’abord on a un problème de Master. Je prends l’exemple des américains. Tout le monde ne comprends pas anglais mais lorsqu’on joue la musique américaine, tu es obligé de secouer la tête.  Il faut qu’on se donne la main pour mieux construire notre musique parce qu’ici chacun pense qu’il est arrivé et n’a pas besoin de son prochain. Alors que nous devons nous unir et trouver les moyens pour compétir à l’extérieur parce que la musique c’est la compétition. Nous avons commencé à le comprendre parce que si nous-mêmes nous ne jouons pas notre musique qui le fera à notre place ? Je salue les DJ qui l’ont compris et ont commencé à jouer la musique burkinabè.

Vous ne trouvez pas qu’un problème de qualité se pose aussi ?

Oui bien sûr ! Si on s’inspire par exemple de la musique traditionnelle, il faut savoir le faire pour que le rendu soit plaisant. Je prends l’exemple de Oumou Sangaré qui fait du mandingue pur mais elle arrive à faire de grandes scènes. C’est un travail que nous devons élaborer ici.

Beaucoup parlent également du manque d’accompagnement politique.  Êtes-vous d’avis ?

Avant l’accompagnement politique il nous faut créer une musique propre à nous. Si on n’arrive pas à créer on suivra les gens. Et on ne peut pas mieux faire que ces gens. Je suis samo et dans ma culture y’a beaucoup à puiser. Je suis en train de travailler sur ça pour donner une originalité à ma musique. Il faut également que nos arrangeurs se mettent au travail. J’ai écrit une chanson en inspirée du liwaga, et ça arrive très bientôt.

Parlez-nous de votre dernière sortie discographique.

C’est mon single ‘’Dady sugar’’ sortie il y’a une semaine. C’est un titre qui parle du phénomène de l’amour matérialiste. De nos jours l’amour s’achète. On dit le pauvre a droit à l’amour mais c’est conditionné. Les sugar dady ont l’argent pour entretenir les filles mais c’est les jeunes qui ont les abdominaux qui  en profitent en fin de compte (rire). Le titre se comporte très et bientôt le clip va passer sur Trace TV, DBM et les autres chaînes internationales. La vidéo a été tournée à Lomé par un réalisateur nigérian.

Pourquoi avez-vous fait appel à un réalisateur expatrié ? Vous n’avez pas trouvé ce que vous recherchez ici ?

Y’a de grand réalisateur au Burkina. J’ai un ami qui se rend régulièrement au Nigeria et qui m’a fait comprendre qu’il y’a un réalisateur nigérian qui adore ma musique. Ce dernier a écouté le titre Dady sugar et a manifesté l’envie de travailler sur le projet. C’est ainsi que j’ai payé son billet d’avion et il m’a rejoint pour faire le travail. Je compte l’inviter au Burkina pour réaliser mon prochain clip.

Comment jugez-vous le fait que les artistes aujourd’hui préfèrent produire des singles plutôt que des albums ? N’est-ce pas de la paresse ?

Je pense que le problème est que les CD ne se vendent plus aujourd’hui. Je salue le BBDA qui nous aide à rentrer dans nos droits mais malgré tout ce n’est pas toujours simple. Je prends l’exemple de Obam’s de la Cote d’Ivoire qui a réussi à faire une tournée européenne avec un single. C’est le lieu d’interpeller la diaspora burkinabè car elle peut nous permettre de sortir et mieux vendre nos œuvres.

Quels sont vos projets ?

J’ai réalisé un featuring avec l’antillaise Stony, et je suis en train de préparer le clip de cette chanson. J’irai le faire en France. Ça aurait dû être déjà réalisé mais le corona s’en est mêlé. Mon contrat avec Nouvelle donne est fini et je travaille maintenant avec Andream production. C’est une maison burkinabè qui envisage aider des jeunes à se réaliser. On a de beaux projets à venir. J’ai aussi en projet de former des jeunes à la musique.

Qui est Soké derrière la scène ?

Soké est un grouilleur, c’est un chercheur. On ne va pas  se limiter à la musique et rester à la maison galérer quand on n’a pas de gombo. Je suis également artiste plasticien. Hors de la scène je fais l’art plastique et la décoration. Si Dieu le permet je compte mettre en place un centre de formation des jeunes en art plastique.

Que pensez-vous des cérémonies de distinction au Burkina, vu que vous n’en avez jamais reçu malgré votre notoriété à l’extérieur?

Pour commencer, la musique est une thérapie pour moi. Je n’ai donc pas besoin de trophée pour prouver que je suis le meilleur. Peut-être que le moment n’est tout simplement pas arrivé ou que mon style musical n’est pas pris en compte dans leurs critères. Moi j’ai connu juste de travailler. La musique est du business et j’arrive à gagner ma vie à travers mes œuvres et c’est le plus important.

Que voulez-vous dire avant qu’on ne se sépare ?

Tout d’abord je remercie le bon Dieu tout puissant qui me donne la force de continuer dans mes œuvres. Merci aussi à ceux qui me soutiennent, je travaille toujours pour vous faire plaisir. Merci aussi à Afriyelba et bon vent à vous. Merci.

                                                                 Interview réalisée par Wend Kouni

 


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