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Putsch manqué en Gambie : La FBI dévoile les détails de l’opération


La justice américaine vient d’inculper deux Américains d’origine gambienne impliqués dans la tentative de coup d’État qui s’est déroulée le 30 décembre à Banjul, en l’absence du chef de l’État Yahya Jammeh. Le FBI a pu obtenir des détails de l’opération grâce au témoignage de l’un des principaux meneurs, Papa Faal.

Une semaine seulement après la tentative avortée de coup d’État avortée en Gambie, le FBI américain a obtenu un récit détaillé des préparatifs et du déroulement de l’opération par l’un de ses principaux organisateurs. Papa Faal, 46 ans, possède la double nationalité américaine et gambienne. Ce vétéran de l’armée américaine a effectué la majeure partie de sa carrière militaire dans l’US Air Force avant d’être démobilisé en 2012.Le 31 décembre, après avoir survécu au putsch avorté qui visait à renverser le président Yahya Jammeh, et dont il était l’un des meneurs, il est parvenu à quitter la Gambie et à rejoindre Dakar. Dans la capitale sénégalaise, il s’est aussitôt présenté à l’ambassade américaine, où il a accepté de livrer son récit à l’agent de liaison du FBI. Le lendemain, il prenait l’avion pour les États-Unis, où il allait détailler son témoignage devant les agents du FBI de l’aéroport de Washington-Dulles.

Dans la plainte de 22 pages rédigée par l’agent spécial Nicholas Marshall, Papa Faal explique comment un groupe d’exilés gambiens résidant dans divers pays (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne et Sénégal) a fomenté une tentative de coup d’État contre Yahya Jammeh. Lui-même contacté en août 2014, Faal (alias « Fox » dans le cadre de l’opération) s’est personnellement chargé d’acheter des fusils semi-automatiques M4 avant de les acheminer en Gambie par container, dissimulés parmi des vêtements.

Nom de code « Dave »

Le principal organisateur de l’opération, dont le nom de code était « Dave », a pu être identifié par Papa Faal, sur la base d’une photo montrée par le FBI, comme étant Cherno Njie, 57 ans. Cet homme d’affaires américain d’origine gambienne, qui résidait au Texas, devait assurer l’intérim du pouvoir après le putsch.
Arrivé en Gambie au début du mois de décembre, après avoir transité par Dakar, Faal rencontrera pour la première fois les autres membres du groupe. Il est alors surpris de constater que leur effectif ne dépasse pas douze personnes. Malgré cela, les conjurés, qui pensent pouvoir compter sur le soutien de quelque 160 soldats des forces armées gambiennes, s’estiment en mesure de mettre leur plan à exécution.

Initialement, leur objectif est d’attaquer le convoi du président Yahya Jammeh à l’occasion du pèlerinage que ce dernier effectue traditionnellement entre Noël et le Jour de l’An dans son village de Kanilai. Mais à la dernière minute, ils apprennent que Jammeh doit quitter le pays le 26 décembre. La décision est finalement prise d’attaquer le State House (la présidence gambienne) en son absence. Naïvement, le petit groupe imagine qu’il lui suffira de tirer quelques coups en l’air pour inciter la garde prétorienne du chef de l’État à déposer les armes. Selon eux, ces soldats ne prendront pas le risque de se faire tuer pour Yahya Jammeh, et le soutien d’un bataillon qu’ils pensent acquis à leur cause devait leur permettra de faire la différence.

Riposte féroce

Mais l’opération tourne au fiasco. La riposte de la garde présidentielle est féroce et aucun militaire gambien ne se rallie. Très vite, l’un des deux commandos de putschistes est décimé. Faal parvient néanmoins à se dissimuler dans la capitale gambienne avant de traverser la frontière et de regagner Dakar, où il livrera son récit aux autorités américaines.
Quant à Cherno Njie, qui devait attendre à l’abri la réussite de l’opération, il parviendra à regagner les États-Unis le 3 janvier, où il sera arrêté par le FBI. Contrairement à Papa Faal, il refusera de collaborer avec les enquêteurs. Sur la base des renseignements fournis par ce dernier, ceux-ci ont toutefois pu exhumer différents documents liés au projet de coup d’État.

Les deux hommes, qui ont été présentés à un juge lundi 5 janvier, sont notamment inculpés pour avoir conspiré contre une nation amie des États-Unis, en violation du Neutrality Act.

Jeuneafrique


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