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MARINE LELOUP AUX ARTISTES BURKINABE : « L’Institut français; c’est votre maison ».


« L’Institut français, c’est pour les blancs et une catégorie nantie d’artistes burkinabè. Nous autres n’y avons pas accès  » ; voici ce que les artistes ont fait savoir au consul de la France au cours de leur rencontre d’’il ya  quelques semaines sur la problématique d’obtention des visas. Ce jour le consul avait pris l’engagement avec le DG du BBDA d’organiser une rencontre entre les artistes et la directrice de l’Institut français afin qu’elle puisse expliquer le fonctionnement de son institut. L’engagement a été tenu hier 8 décembre. Marine Leloup directrice de l’Institut  étaient fasse aux artistes au BBDA. Ils ont balayé du revers de la main les accusations des artistes burkinabè et ont démontré avec des chiffres que l’Institut français est leur   Maison.

 

Au présidium de cette 2e causerie professionnelle organisée par le BBDA au profit des artistes, en plus de la délégation de l’Institut français, on avait le DG du BBDA walib Bara, le chargé de com Ousmane Sawadogo, et  le SG du BBDA Moïse Kohoun. De l’autre côté on avait les artistes qui n’ont pas répondu massivement présent à l’invitation. D’entrée de jeu, Marine Leloup a voulu avoir une idée des secteurs d’activités des artistes présents. « Y a-t-il des artistes musiciens dans la salle ? Des cinéastes ? Des plasticiens ? Des écrivains ? » Demande –t-elle. Chacune de ses questions a reçu une réponse affirmative. Et elle enchaine. « J’ai appris beaucoup de choses de vous sur l’Institut français de Ouagadougou. De ces choses je retiens que vous avez dit que l’Institut français appartient aux blancs. Je ne suis pas d’accord avec vous parce que 80% des activités que nous menons sont Burkinabè. Nous avons les statistiques de ces dernières années disponibles, vous pouvez les consulter et vous en convaincre » a démenti la directrice avant de faire une présentation de son institut.

Le présidium prêtant une oreille attentive aux questions des artistes. On reconnait au milieu le DG du BBDA, Marine Leloup et le SG du BBDA (à gauche)

De cette présentation, on retiendra que l’Institut français comprend une salle de cinéma et de spectacles qui est le Grand Méliès, une salle de conférence et aussi de projection de films qui est le Petit Méliès, une médiathèque, un espace ouvert pour les cafés concerts. « Tous ces espaces sont ouverts à tout le monde sans distinction aucune. Pour y avoir accès, il suffit de suivre la procédure en envoyant une demande ou un projet que nous allons examiner. S’il se trouve que votre demande ou projet est pertinent et rentre dans nos missions, nous l’acceptons en fonction de nos moyens disponibles » explique la directrice aux artistes qui sont scotchés à ses lèvres. Elle continue : « Pour ce qui est de la musique, nous programmons 30 cafés concerts par an, pour le cinéma, nous essayons de faire une programmation qui intéresse les Burkinabè ; concernant l’humour, nous nous appuyons sur l’humoriste Gérad Ouédraogo et notre souhait est qu’il invite les jeunes humoristes pour qu’ils viennent s’exprimer. Nous avons des coûts d’entrée bas. Que dire encore ?  Voilà en somme ce que je voulais vous dire concernant l’Institut français. Je le dis et je le répète, l’Institut français c’est votre maison.  J’attends vos questions pourapporter plus de réponses».

Les artistes ont salué l’initiative de la rencontre

Le réalisateur  Prince Constant, l’artiste musicien Imilo Lechanceux, Silga Richard et Petit Docteur, la comédienne Augusta Palenfo, ont asséné la directrice de questions. De ces questions on retiendra celles de Augustat Palenfo et de Silga Richard. « Je suis comédienne et promotrice du festival de rire. Je suis venu chez vous au bureau et je vous ai présenté mon projet pour vous demander un partenariat. La première fois, je n’ai pas eu de réponse favorable, l’année suivante j’ai entamé les mêmes démarches qui ont  produit les mêmes résultats. Je suis venu chez vous encore une 3e fois et vous m’avez donné la même réponse qui est « Désolé mais nous ne pouvons pas vous accompagner ». A cette étape de son intervention, Marine Leloup tente de l’interrompre. « Je n’ai pas fini laissez moi terminer » renchérit Augusta Palenfo sous les applaudissements de ses collègues. Elle continue : « Je voudrais savoir pourquoi vous me refuser un partenariat trois fois de suite. Je ne demande pas de l’argent, c’est la salle de spectacle uniquement je voulais. Je voudrais des explications. » Marine Leloup prend un air beaucoup plus sérieux et répond : « Je comprends bien votre colère madame mais laissez moi vous dire que nous n’avons plus de moyens pour faire fasse à toutes les demandes. Au jour d’aujourd’hui je n’ai qu’un budget de 10 000 euros par an. Nous ne recevons plus de subvention et notre budget a été réduit à 30%. Je fais fasse à des contraintes de personnel, je dois payer des salaires à la fin du mois puisque nous fonctionnons maintenant comme une entreprise. Ne pensez pas que nous avons été irrespectueux vis-à-vis de vous. Non ; loin s’en faut, nous n’avons pas donné suite à votre demande tout simplement parce que nous ne pouvons pas vous aider. Cela ne veut pas dire que nous ne nous intéressons pas à votre projet. ». « C’est juste une salle que je voulais, je ne voulais pas de l’argent » précise Augusta Palenfo. Le chargé de com vient à la rescousse de la directrice. « Bien sûr que la salle, c’est de l’argent parce qu’elle nous coûte des frais. Il faut mobiliser le personnel, il faut de l’électricité, il faut de la technique. Tout cela c’est de l’argent ». Et à Marine Leloup de reprendre la parole pour conseiller aux artistes de frapper aux portes d’autres représentations diplomatiques car « nous ne pouvons pastout faire ».

Augusta Palenfo voulais savoir pourquoi on lui a refusé 3 fois le partenariat

Les cachets des cafés concerts sont de 50 000 F CFA à l’Institut français

La deuxième interrogation qui a retenue l’attention du public c’est celle de Silga Richard. Il a voulu savoir pourquoi l’Institut donne 50 000 F CFA comme cachet aux artistes lors de leur café concert ? « 50 000 CFA c’est insignifiant. C’est comme si on venait jouer gratuitement au regard des frais des musiciens et de l’essence. Il faut essayer d’augmenter les cachets ». « Désolé mais nous ne pouvons pas augmenter. Si nous augmentons les frais, nous seront obligés de réduire le nombre de cafés concerts par an qui est de 30. Il faut préciser qu’en plus des 50 000 F CFA, nous offrons une résidence de création d’une semaine aux artistes avant leur spectacle » explique Marine Leloup. Le DG du BBDA lui porte main forte : « Il faut que vous retenez que lorsqu’on va à un café concert, ce n’est pas pour vous faire des sous mais pour séduire des programmateurs ou des producteurs. Je me rappelle qu’en 2007, lors d’un café concert, on a programmé un groupe qui a refusé de venir parce que le cachet était insignifiant. Le groupe Dumba Kulture a accepté de le remplacer et est venu jouer avec des instruments traditionnels. Ce jour un producteur  qui était dans la salle a été séduit et a signé avec Dumba Kulture. Actuellement Dumba Kulture  est en France. C’est cela l’esprit des cafés concerts ».  Une explication qui semble n’avoir pas convaincu les artistes qui restent toujours sur leur proposition de majorer le cachet des cafés concerts à l’Institut français. Voilà donc qui met fin à la série de causeries professionnelles organisée par le BBDA au profit des artistes pour cette année 2016. Rendez-vous est pris pour 2017 avec des causeries avec d’autres instituts et représentations diplomatiques.

YANNICK SANKARA


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1 comment

fidele Déc 10, 2016 at 6 h 18 min

On écrit « faire face  » au lieu de « faire fasse.. » Corrigez.Sinon bel article..

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