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Rencontre avec MHD: « Je fais du rap gentil, jamais on ne verra du….. »


Madonna et son fils en raffolent, le rappeur Drake s’ambiance sur ses sons, les joueurs du PSG en ont fait leur coqueluche… De Paris jusqu’aux États-Unis, son nom circule comme le symbole d’un nouveau son, irrésistible : MHD – Mohamed Sylla dans le civil – surnommé le « Petit Prince de l’afro trap », cumule tous les records. Il sort ces jours-ci, un nouvel album intitulé 19, comme le numéro de l’arrondissement qui l’a vu grandir.

Son premier clip Afro-Trap date de 2015 est rapidement devenu viral et comptabilise 24 millions de vues sur YouTube. Et c’est sans compter sur la suite des Afro-trap. Depuis ses débuts, MHD, né à La Roche-sur-Yon, a joué dans 22 pays et sur trois continents, donné un show au mythique Coachella, en Californie, été reçu dans son pays d’origine, la Guinée comme un véritable chef d’État… À 24 ans, il sort son deuxième disque, 19, en hommage à son quartier : un opus gorgé de bonne humeur et de pas de danse, qui voit la collaboration – entre autres – de Salif Keita, Orelsan, Stefflon Don, Stromae, Diplo…  Récemment, pourtant, sur Snapchat, le jeune homme partageait ses doutes : « cette vie n’est pas la mienne », confiait-il. Car, derrière le phénomène, il y a un petit gars tranquille, et plein de bonnes vibes, sincèrement concerné par l’Afrique et avide de faire passer des messages positifs … Rencontre.

RFI Musique : depuis deux ans, vous connaissez un succès impressionnant. Comment le ressentez-vous ?
MHD : Je n’ai rien vu arriver. Tout est parti d’une simple vidéo postée sur les réseaux sociaux. Comme je suis passionné, je me suis donné à 100%. Depuis, tout s’est emballé. Mon son a été partagé sur le net, sur toute la planète. Forcément, mon train de vie a évolué. Hier, j’étais simple livreur de pizza ; aujourd’hui, je fais des concerts dans le monde entier. Certaines personnes changent autour de moi. C’est difficile de s’habituer…

Sur Snapchat, vous avez écrit, courant septembre, « cette vie n’est pas la mienne (…) Personne ne peut savoir la face cachée du succès ». Pourquoi ? 
Si je compare avec ma vie d’avant, je suis obligé de me priver de certaines activités. Par exemple, je ne peux plus aller sur les Champs-Élysées, sans avoir à faire des milliers de photos avec mes fans. Globalement, je vis bien le succès, mais j’ai aussi envie de partager avec mon public mes ressentis plus négatifs. Par delà le côté festif, les rires, la danse, je veux aussi qu’il sache que parfois, je me sens fatigué, et que ce n’est pas toujours simple d’être célèbre…

Comment parvenez-vous à garder la tête froide ?
Grâce à mon groupe d’amis. On était cinq potes livreurs de pizza et on se retrouve à cinq à faire des concerts autour du monde. L’histoire a commencé avec eux. Je ne me voyais pas poursuivre sans eux. Ils restent mon inspiration ; ils me conseillent sur la musique ; on partage les mêmes goûts !

Vous êtes l’un des précurseurs de l’afro trap. Pourquoi avoir emprunté cette voie ? 
Je nourrissais une vraie passion pour le rap français. Il y avait une tendance trap que je kiffais. Et puis, j’ai grandi avec l’afro qu’écoutaient mes parents : des sons traditionnels du pays (la Guinée, ndlr) comme Sekouba Bambino, mais aussi des héros tels Salif Keita ou Koffi Olomidé… Surtout, je voulais me dissocier des autres rappeurs, forger ma particularité, mon signe distinctif. Je crée, je crois, une musique qui me ressemble. J’aime faire la fête, rigoler. Ce qu’on voit à travers mes clips, c’est moi dans la vraie vie : toujours en train de danser et de rigoler avec mes potes ! J’ai l’impression d’avoir créé un mouvement contagieux, de transmettre ma bonne humeur !

Salif Keita ouvre votre disque. Un symbole fort ?
Je voulais déjà l’avoir sur le premier disque, mais on était speed, ça ne s’est pas fait ! Je ne sais pas comment le décrire, mais Salif en Afrique, c’est quelqu’un ! J’ai grandi avec sa musique. Quand j’ai annoncé à mes parents que Salif chantait sur mon disque, c’était la joie à la maison ! Déjà, sur le premier disque, j’avais collaboré avec Angélique Kidjo qui n’est pas du tout de ma génération. Je me suis renseigné sur sa musique, je l’ai contactée… Et puis, sur 19, j’invite aussi les Nigérians Wizkid et Yemi Alade, que j’écoutais avant de faire de la musique. J’adore leur univers, leur style, leur énergie…

Sur la pochette du disque, on vous voit de dos, face à un paysage africain. Quel est votre rapport à votre continent d’origine ?
Je regarde l’Afrique et en même temps, je porte le maillot de l’équipe de France. Je suis issu de ce mélange ! Depuis que je suis né, je vais environ tous les trois ans en Guinée, voir la famille. Pour mon deuxième disque, j’ai énormément voyagé en Afrique : au Mali, au Sénégal, au Cameroun, au Ghana… J’ai aimé voir les différences entre les pays, mais aussi les similitudes. J’ai adoré rencontrer des populations diverses, des artistes, des producteurs… Je reçois énormément de messages de jeunes Africains qui font de la musique, du sport. Ils ont besoin de lumière, de conseils. On ne perd jamais l’occasion de partager notre expérience !

Comment avez-vous vécu vos concerts dans votre pays d’origine, la Guinée ?
Ça fait hyper plaisir d’arriver et de voir ces milliers de personnes t’attendre avec des pancartes et des photos. C’est une énorme fierté de voir que le pays m’encourage : ça me donne de la force, ça me motive encore davantage ! Malheureusement, le premier concert n’a pas pu avoir lieu : sur un espace de 40 000 personnes, il y avait 60 000 fans. On a fait le 2e concert dans un stade avec 120 000 spectateurs !

Vous dédiez ce disque à votre arrondissement parisien, le XIXe… Vous aimez toujours autant ce quartier ? 
C’est l’arrondissement dans lequel j’ai grandi : là où j’ai commencé l’école, la musique, là où j’ai rencontré mes amis. Pour moi, c’est une ville dans la ville. Toute ma jeunesse, on est restés là-bas. Il y a tout à proximité – l’école, les cinémas, la piscine… On ne connaissait pas le « Paris Tour Eiffel » ni le « Paris Champs-Élysées » ! J’aime la bonne ambiance et le mélange de plusieurs cultures. Il y a des Africains, des Asiatiques, des Juifs… Et tout le monde s’entend bien ! Quand j’y vais, je vis comme avant. On est posés avec mes potes, on va manger… Bon, ok, maintenant c’est moi qui régale ! (rires)

Vous vous sentez une responsabilité par rapport aux jeunes de votre quartier ? 
Oui, j’ai l’impression d’avoir un statut d’exemple. J’essaie de bien faire à travers ma musique. En gros, on ne va jamais m’entendre proférer des insultes et il n’y aura pas de filles dénudées dans mes clips. Tout se passe dans le respect et la bonne humeur, parce que mon petit frère, ma petite sœur, mes parents regardent.

En gros, vous faites du rap de gentil ?
Oui, je dirais ça. Si vous voulez… Ça ne me dérange pas.

C’est quand même une super aventure !
Oui ! Mais quand j’étais livreur de pizza, je kiffais aussi. J’étais bien sur mon scooter. Il faisait chaud. Je gagnais des pourboires, j’avais mon salaire et je pouvais partir en vacances. En fait, moi, dans n’importe quelle circonstance, je profite de la vie !

RFI


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