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Rencontre sur l’extrémisme violent à Ouagadougou: Le secrétaire exécutif du Conseil de l’Entente au bilan


Du 20 au 22 mai dernier à Ouagadougou, s’est tenue un atelier technique sur le thème « Dialogue inclusif, dialogue entre le centre et la périphérie, et dialogue transfrontalier comme outils clés de prévention de la violence ». Organisée par le Conseil de l’Entente, cette réunion a permis aux participants venus des pays du Conseil et du Ghana de faire l’état des lieux de la situation et de proposer des solutions pour combattre l’extrémisme violent. A l’issue des travaux, le secrétaire exécutif du Conseil de l’Entente M. Patrice Kouame et la directrice du  bureau de Dakar de l’Institut d’études de sécurité se sont prêtés à notre micro. Interview

 

Afriyelba: Quel bilan pouvez vous faire après la tenue du séminaire sur l’extrémisme violent?

 Patrice KOUAME: Avant de répondre à votre question je voudrais vous  traduire mes remerciements  pour l’intérêt que vous avez porté à notre activité 3 jours durant.  Pour ce qui concerne le bilan, nous ferons le point à nos instances, les instances du conseil de l’entente et puisque nous sommes au Burkina, nous allons réserver la primeur des travaux au président du Faso. Ce que je puis vous dire est que  pendant 3 jours nous nous sommes réunis ici au Burkina  pour mener une réflexion approfondie sur l’extrémisme violent dans l’espace entente. La réunion a regroupé des chercheurs, des enseignants, des responsables de la gendarmerie, de la police, des secrétaires des comités de délimitation des frontières,… Le Ghana était représenté à cette réunion et la délégation du Ghana a participé vraiment activement aux travaux. Nous avons pu faire une analyse, un diagnostic de la situation et proposer des solutions. Ces solutions seront portées à l’attention de la réunion annuelle des ministres de la sécurité et des frontières du conseil de l’entente et ensuite au conseil des ministres  ainsi qu’à la conférence des chefs d’état. Nous allons comme je l’ai dit, accorder la primeur de ces conclusions au président du Faso, et vous serez par la suite informé

Mais déjà quelles sont les causes de l’extrémisme violent au niveau des pays du conseil de l’entente ?

 Les causes sont multiples, il n’y a pas de cause unique. Justement, à partir de ces causes multiples, les propositions sont faites pour permettre à l’état d’être présent, un certain maillage du territoire, un rapprochement entre l’état, les collectivités, les populations. Ça c’est un axe, et puis il y a  toutes ces zones frontalières, où prospèrent l’extrémisme violent, toutes ces zones doivent être prises en compte désormais dans l’élaboration des politiques des publics pour que ces zones deviennent des zones de paix, d’intégration et de développement

Quelle est la suite qui sera donnée aux résultats de ces travaux ?

 C’est ce que je viens de dire, nous avons des instances et c’est un atelier technique, une réflexion absolument libre et à partir des résolutions, à partir des recommandations, qui ont été faites, nous allons saisir les instances. J’ai dit qu’il y a une réunion annuelle des ministres de la sécurité, cette réunion sera saisie, elle va analyser les conclusions des travaux, et en conseil des ministres du conseil de l’entente et aussi la conférence des chefs d’états. Il leur appartiendra donc à eux de nous donner la suite qui sera faite des résultats de l’atelier que nous venons de tenir au Burkina du 20 au 22 mai.

 Riane Keroubénoni, Directrice du  bureau de Dakar de l’institut d’études de sécurité

Alors quelles sortes d’expérience vous êtes venus partager à cette tribune d’analyse sur ce phénomène qui est en pleine croissance dans les pays du conseil de l’entente particulièrement, parce que il y a 10 ans on ne voyait ça qu’à  la télé et aujourd’hui c’est le vécu quotidien du burkinabé, du malien puis d’autres pays africains ?

Effectivement la tendance est mauvaise. Au cours des dernières années, non seulement le nombre de groupes s’est multiplié mais aussi les attaques ce sont multipliées. Les groupes visent des cibles de plus en plus ambitieuses et l’expansion géographique du phénomène est malheureusement un fait avérée. Ces attaques sont perpétrées dans les pays du sahel mais de plus en plus avec des incursions dans les états côtiers ouest africains, donc dans des pays qui appartiennent au conseil de l’entente. Cette tendance est bien entendue inquiétante et demande une prise en compte holistique, une prise en compte multidimensionnelle. Je crois qu’un des éléments important qui est ressorti lors de la discussion avec les acteurs qui, effectivement autour de la table dans le cadre de ces trois jours de conférence et d’atelier, était de fédérer les moyens et les connaissances pour combattre le phénomène. Des élus locaux, des membres des forces de défense et de sécurité, des représentants de l’état, des représentants de la société civile et des chercheurs ont donné des avis très inintéressants qui seront regroupés dans un rapport . Avoir une réflexion décloisonnée permet aussi d’identifier les multiples facettes par lesquelles le phénomène doit être appréhendé.

Au niveau de la recherche qu’est- ce qui vous a le plus marqué lorsque les chercheurs se mettent à la tâche pour voir les causes profondes de ce phénomène-là ?

Sur ce phénomène, l’institut d’études de sécurité cherche à se documenter en faisant des analyses qui soient basées sur des entretiens directs avec des acteurs impliqués dans le phénomène de violence que ce soit dans l’extrémisme violent, à la criminalité organisée transnationale ou au conflit intra et inter communautaire. Dans ce contexte, nous avons mené plusieurs centaines d’entretiens avec des personnes qui sont ou qui étaient impliquées dans ces groupes. Et je crois qu’il y a des éléments clés qui doivent être mis de l’avant : le 1er élément c’est que dans la majorité des cas, l’engagement dans ces groupes n’est pas le résultat d’un processus d’endoctrinement religieux. Dans la majorité des cas, l’engagement est le résultat de multiples trajectoires personnel et conflictuel. Et le 2e  élément c’est précisément que les logiques d’engagement dans des lieux comme le Mali y compris à l’intérieur du Mali diffèrent des logiques d’engagement au Burkina, au Niger. Donc on a véritablement besoin de données qui seront contextualisées pendant que nous cherchons à élaborer des solutions nationales et régionales de lutte contre l’extrémisme violent. Les groupes, eux, recrutent à partir des failles qu’ils trouvent au niveau local. Et malheureusement il faut reconnaître que leurs techniques de recrutement vont beaucoup plus vite que les stratégies que nous cherchons à mettre en œuvre pour contrer leur implantation, pour contrer leur expansion.

Propos recueillis par Yannick SANKARA et retranscris par Eunice Nikiema


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